© Joel Meyerowitz
© Joel Meyerowitz
| | Autopsie en couleurs pour le World Trade CenterLes images de Joel Meyerowitz, seul photographe admis sur les décombres des tours de New York, sont arrivées hier à Paris.
C’est dans un lieu symbolique que les vingt-huit photographies en couleurs de Joel Meyerowitz sont présentées : au sommet de la Grande Arche de la Défense, qui couronne la grande perspective parisienne. Vingt-huit images prises entre septembre et décembre 2001 qui montrent le travail harassant des pompiers ou leur repos hébété, les amas dantesques de ferraille pareils à d’étranges cathédrales de la mort, la noria des grues et des bulldozers. Comme dans les tableaux médiévaux représentant des thébaïdes, les hommes n’y sont que des points minuscules. On les reconnaît à leur casque jaune, à côté des grands camions rouges.
Meyerowitz, né en 1938, qui se revendique comme photographe de rue, était jusqu’à présent connu pour son ironie dans la transcription des choses de la vie – passants pressés, vacanciers ridicules, promeneurs et sportifs, femmes chez le coiffeur ou dans les grands magasins. Une ironie, un optimisme que l’on oppose souvent au regard noir de Robert Frank, qui fut son maître. Ironie et optimisme qu’il a – définitivement ? - perdus. «Dans la vie d’un homme, il y a des moments cruciaux, expliquait hier Meyerowitz, le crâne rasé, dans son costume noir. Lorsque les attentats ont eu lieu, je n’étais pas à New York. J’y suis tout de suite revenu pour revoir ma famille. Pas ma famille proche, mais ma grande famille, celle des New-Yorkais.»
Grâce à l’appui du directeur du musée de la ville de New York, Joel Meyerowitz a pu avoir un accès libre au site, demeuré interdit aux autres photographes. Il a pris sept mille clichés, pour documenter, pour constituer des archives : «Sans images, on n’a pas d’histoire» Il a montré du doigt celle qui lui a le plus coûté : «C’était à minuit, au mois de décembre, les pompiers venaient de retrouver de nombreux corps. J’ai eu beaucoup de mal à prendre cette photographie» Le choix des vingt-huit images a été reproduit vingt-sept fois pour être envoyé à travers le monde, comme autant d’expositions-témoignages.
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