Flûte en os de vautour, provenant de la grotte de Veyreau (Aveyron), vers 2500 av. J.-C., 17,5 cm © photo : G. Grégoire (S.R.A. Languedoc-Roussillon)
Cylindre bruissant en bronze provenant de Boissy-aux-Cailles (Seine-et-Marne), 9e siècle av.J.-C., H : 13.5 cm © Musée de la Préhistoire, Nemours
| | Sons et musiques de la préhistoireDes témoignages matériels permettent de reconstituer l'une des formes d'art les plus éphémères, la musique.
La naissance de l'art est attestée au paléolithique par les grottes ornées, les gravures et les statuettes de plus de 30 000 ans qui nous sont parvenues. Ces peintres, graveurs et sculpteurs étaient-ils aussi musiciens? Si les nombreuses références littéraires et iconographiques témoignent de l'importante place qu'occupait la musique dans les sociétés antiques, nous ne connaissons que peu de choses sur les instruments et leur sonorité aux périodes préhistoriques. Le musée de Préhistoire d’Ile-de-France a mené l'enquête.
Le plus ancien instrument exposé remonte au paléolithique supérieur, soit environ 25 000 ans av. J.-C. Il s’agit d’une flûte quasi complète en os de vautour. Conservée au Musée des Antiquités Nationales, elle a été découverte à Isturitz, dans les Pyrénées-Atlantiques. De la même époque, un sifflet, des racleurs en os et un rhombe sont présentés. Ce dernier, taillé dans une plaque d’os ovale, est un instrument à air ambiant : on le fait vibrer en le faisant tourner sur lui-même à l’aide d’une ficelle. L’apparition de la terre cuite au néolithique va apporter un renouveau dans la fabrication d’instruments de musique et alors que les créations en os sont de plus en plus rares, les sifflets et les trompes en terre cuite se généralisent. La muséographie fait se côtoyer objets originaux et répliques réalisées à partir de fragments. Pour permettre au public de percevoir les sonorités émises par ces drôles d’objets, des bornes ont été installées. Chacun peut tendre l’oreille et écouter le son du sifflet ou de la trompe ou encore du carnyx.
L’apparition du métal, à l’âge du bronze, entraine elle aussi des transformations. Les sonnailles étaient considérées comme des biens de prestige. D’après les découvertes archéologiques, on les fixait aux harnais des chevaux ou sur les vêtements, comme si leur son avait eu un caractère prophylactique. Rarement retrouvées dans les vestiges d’habitat, ces clochettes étaient également déposées dans les sépultures auprès des défunts ou enfouies dans des dépôts à caractère votif. Autre objet souvent rencontré, le hochet en terre cuite. Largement répandu à l’âge du bronze, on le retrouve dans les tombes à incinération d’enfants et d’adolescents vers 1 000 av. J.-C.. En forme d’oiseau, il avait également une fonction protectrice. En effet, l’oiseau, à l’âge du bronze, était un «animal psychopompe», chargé d’accompagner le défunt dans l’au-delà. Très rare, un grelot du bronze final (9e siècle av. J.-C.) fut découvert dans une «cachette», dans les Deux-Sèvres. Originaires de Scandinavie, les lurs en forme de S à embouchures terminales sont également connues en Irlande sous une forme simplifiée. Les gravures rupestres de Suède et les dépôts attestant d’une déposition par paire incitent à se demander si les musiciens (dont le sexe reste inconnu) jouaient du lurs en duo.
Pour l’âge du fer, les témoignages littéraires viennent compléter les découvertes archéologiques. Diodore de Sicile dans sa Bibliothèque historique, Tacite ou encore Polybe, rappellent que certains instruments accompagnaient les chants guerriers. Parmi ceux-ci figurent les trompes dont on peut voir quelques exemples. Le carnyx, fréquent dans la littérature et l’iconographie, est constitué d’un tube de métal et orné d’une tête de sanglier à son extrémité. Il émet un son strident propre à effrayer l’ennemi. Si l’exposition ne montre que des fragments de pavillon de ce dernier, l’iconographie abondante atteste de son aspect originel. On retrouve le carnyx sur l’arc d’Orange, sur des monnaies gauloises ou sur le chaudron de Gundestrup. Pour clore le parcours, comment ne pas évoquer la lyre attestée dès le 7e siècle av. J.-C. Fabriquée à partir d’éléments organiques périssables (les cordons en boyaux et une caisse de résonance en bois), aucun vestige n’est parvenu jusqu’à nous. Elle est essentiellement connue à travers l’iconographie et les références littéraires comme cette statuette en pierre dite «à la lyre» du 2e siècle av.J.-C. trouvée dans les Côtes-d’Armor. À son propos, Diodore de Sicile rapporte que les bardes accompagnaient leurs poèmes à la lyre…
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