Foppa : rêver la RenaissanceA Brescia, dans le cadre suggestif du musée de Santa Giulia, le maître lombard a enfin droit à la rétrospective qu’il méritait.
| Santo Stefano Tavola,
89 x 34 cm
San Pietroburgo, Ermitage |
L’exposition est le d'un travail scientifique exigeant, qui entend donner une image complète du peintre né vers 1430 à Bagnolo Mella, un village près de Brescia. L’artiste a laissé la trace de son art dans toute l’Italie du nord. Ses retables, ses fresques, ses toiles auraient influencé d’autres représentants notables de la Renaissance lombarde, comme Moretto et Romanino, ses cadets d’une génération.
L’étude scientifique a été menée dans deux directions. Un colloque organisé à Brescia en octobre 2001 a permis de faire le point sur le parcours artistique du peintre. Par ailleurs, une campagne de restauration, menée sur de nombreuses œuvres présentées à l’exposition, a aidé à affiner les connaissances sur sa technique picturale, qui se situe au carrefour du gothique, de la peinture flamande et de la première Renaissance.
Le parcours présente une soixantaine d’œuvres. Elles sont rassemblées en dix sections qui suivent un ordre chronologique, permettant ainsi d’aborder la question des lieux, de l’évolution stylistique, des commanditaires. L’innovation principale de la rétrospective est de confronter systématiquement Foppa aux artistes qu’il a rencontrés ou dont il s’est inspiré : Donatello, Mantegna, Borgognone, Bramante ou Zenale, pour ne citer que les principaux.
On peut ainsi s’initier à la personnalité de Foppa, ébloui par Donatello (et son Autel du saint) et par Mantegna (et notamment sa chapelle des Ovetari, aux Eremitani à Padoue). Son langage propre se développe à Milan et à Gênes, où il entre en contact avec les peintres flamands, dont il hérite le goût pour une description minutieuse de la réalité. Les années 1460-1480 marquent son apogée : c’est l’époque de la décoration de la chapelle Portinari à Milan, dans l’église Sant’Eustorgio (ici visitable virtuellement grâce à une vidéo). On admirera aussi la Tête d’apôtre, partie de fresque détachée de la chapelle au début du 20e siècle et la Pala Botticella, qui date de son séjour à Pavie.
C’est également à Milan que Foppa fait la connaissance de Bramante et de Léonard de Vinci. Les rapports avec ces deux «poids lourds» ne l’empêcheront pas de conserver un style personnel, fait de discrétion, d’élégance, de respect du détail. L’exposition se conclut avec une salle consacrée à Brescia au début du 16e siècle. Dans une mise en scène spectaculaire, qui fait penser à une installation d’art contemporain, les œuvres du maître âgé et de son disciple Romanino se répondent en une brillante joute picturale.
| Mariangela Falchetti (Exibart.com) 27.05.2002 |
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