PARIS, 21 mars (AFP) - Tout le gratin de la photographie était au rendez-vous jeudi de la dispersion de la prestigieuse collection de photographies anciennes de Marie-Thérèse et André Jammes, qui s'achèvera vendredi chez Sotheby's Paris. Du marchand new-yorkais Hans Krauz au collectionneur Michael Sacks (Tel Aviv), en passant par le Suisse Peter Herzog, le galeriste Beaudoin Lebon ou les directeurs de grands musées, nul ne manquait à l'appel à la Galerie Charpentier où l'ensemble de la collection est estimée de 7,5 à 9,5 M EUR. Restait à savoir si l'émir du Qatar, qui avait raflé la moitié de la première partie de la collection Jammes, vendue à Londres en 1999 pour un total de 11,58 M EUR, enchérissait au téléphone. Cette première vente, qui n'avait pu se dérouler à Paris en raison du monopole des commissaires-priseurs qui prévalait en France, avait été marquée par le record mondial à 791.057 EUR atteint par la "Grande Vague - Sète" de Gustave Le Gray.
Jeudi, le lot le plus attendu était la première épreuve photographique au monde, une héliogravure (10 x 14,7 cm) réalisée par Nicéphore Niépce en 1825, reproduction d'une gravure hollandaise du XVIIe siècle montrant un homme tirant son cheval. Estimée entre 500 et 750.000 EUR, considérée comme trésor national, elle a récemment été interdite de sortie du territoire, limitant de ce fait les prix stratosphériques auxquels elle pouvait prétendre à l'étranger. C'est la Bibliothèque nationale de France qui l'a emportée, à 500.750 EUR (frais compris), en faisant valoir son droit de préemption (acquisition prioritaire sur l'enchère la plus haute, une fois le marteau tombé). L'oeuvre du pionnier de la photographie (1765-1833) ira donc enrichir les collections publiques françaises.
L'album de l'ancien Paris, collection de 67 images par Charles Marville, épreuves sur papier albuminé réalisées de 1865 à 1869, a été enlevé à 489.750 EUR par un acheteur anonyme. Un lot dont on espérait plus, tout comme l'album de quarante études constitué vers 1856-60 par un anonyme du cercle du sculpteur Charles Simart, interdit de sortie de France et qui a "plafonné" à 337.750 EUR. Comparativement, Edouard Baldus et Victor Regnault se sont le mieux comportés. Le premier avec sa façade d'un hôtel particulier parisien, vers 1855, qui a quintuplé, à 335.750 EUR, son estimation haute. Le second, avec son "Bords de la Seine à Sèvres, vue prise de la rive gauche, d'aval en amont", vers 1852, épreuve sur papier salé, qui a atteint 280.750 EUR, trois fois plus que prévu. Le même Victor Regnault (1810-1878), dont l'oeuvre est longtemps restée confidentielle, a soulevé à nouveau l'enthousiasme avec "Sèvres et ses environs. Manufacture. Porte orientale et cour d'honneur", vers 1852, qui a quintuplé son estimation haute pour se percher à 258.750 EUR.
En milieu de journée, le total des 150 premiers lots -la collection en compte près de 600- atteignait 3,86 M EUR. Parmi les pièces acquises par le libraire André Jammes, passionné de livres et de techniques d'impression avant de collectionner la photographie, figure le fonds d'atelier Charles Nègre, qui sera mis aux enchères vendredi.
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