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Musées

Les musées jouent l’ouverture

Le quatrième «Printemps des musées» offre l’entrée gratuite dans 800 établissements de France ce dimanche. Le mouvement entame son internationalisation avec 400 participants étrangers.


Juan de Zurbarán, Nature morte aux
citrons
, Museo de la Real Academia
de Bellas Artes de San Fernando,
Madrid
Lancé en 1999, le «Printemps des musées» avait pour ambition d’attirer le grand public, et notamment la frange de la population qui ne s’y rend jamais. Les chiffres communiqués pour l’édition 2001 – tenue un 1er avril - semblent démontrer le succès de l’exercice. Ainsi, le Louvre, qui accueille en moyenne 20000 visiteurs lors des dimanches payants d’avril, en avait-il attiré 32660. Au musée d’Orsay, la fréquentation était passée de 7500 à 13807 et de 2000 à 6500 au musée des Arts d’Afrique et d’Océanie. La croissance est plus spectaculaire en province – de 500 visiteurs à 8750 au musée des Beaux-Arts de Lyon, de 200 à 2000 à la Chartreuse de Douai. Les scores sont parfois si spectaculaires que l’on ne sait s’il faut se féliciter de la réussite du «Printemps» ou s’inquiéter de la très faible fréquentation en l’absence de stimulation. Les 1900 entrées au musée des Beaux-Arts de Reims sont remarquables mais pourquoi les amateurs ne sont-ils que 90 un dimanche quelconque ? Avec 1829 visiteurs, celui de Quimper le talonne mais il est encore plus désastreux en période creuse avec 30 personnes…


Pierre Paul Rubens, Vénus et Mars,
Galleria di Palazzo Bianco, Gênes
«Le Printemps des musées vise un public de proximité, explique Robert Fohr, responsable de la communication à la Direction des musées de France. Et quand on va le chercher en sachant exciter sa curiosité, il vient. La gratuité est l’élément fédérateur de l’opération mais la curiosité est stimulée par les événements autour de la thématique choisie. Cette année, ce sont les cinq sens : une thématique large, adaptée à la diversité des collections et des publics.» Le Louvre a pensé aux malvoyants, les Augustins de Toulouse sortiront leur orgue à odeurs. Les pays européens semblent emboîter le pas à la France : on comptait 93 musées étrangers en 2001. Ils sont plus de 400 cette année, tout en étant loin de fournir un échantillon représentatif : les Anglais sont absents mais l’on compte un contingent grec de 151 musées. Les musées de Gênes ou de Madrid sont très actifs mais l’on ne compte pas de participant à Milan ou à Berlin. En revanche, la Lettonie, la Georgie ou la Bosnie sont entrées dans le mouvement. Un échange d’œuvres entre musées européens a été rendu possible par le mécénat de NSMD (150000 euros) et la collaboration du transporteur IAT. La galerie Spada de Rome prête à Orléans un Lubin Baugin, qui vient renforcer la rétrospective consacrée au peintre, tandis que le musée La Fontaine de Château-Thierry a envoyé au musée littéraire de Varsovie des gravures de Dali sur les fables.

«Pour la première fois, nous avons l’appui du Conseil de l’Europe, poursuit Robert Fohr, même s’il ne nous a pas encore accordé de soutien financier. Notre ambition est de fédérer l’ensemble des initiatives européennes dans ce domaine – l’ICOM organise par exemple une journée internationale des musées au mois de mai – et d’obtenir la participation des 47 pays signataires de la convention culturelle européenne.» Au milieu des années 1970, 26% de la population française âgée de plus de 15 ans se rendait au moins une fois par an au musée. En 1997, ce pourcentage était monté à 33%. Mais l’élasticité du ratio est limitée. Pour que la hausse de la fréquentation passe un nouveau palier et touche le public de proximité, la gratuité, déjà très étendue en Grande-Bretagne et récemment introduite par la ville de Paris, n’est-elle pas l’avenir du musée ?


 Rafael Pic
05.04.2002