| Denise Colomb, 1992
© Noël Bourcier |
Cent bougies pour Denise ColombLa photographe, amie de Picasso et Artaud, fête aujourd'hui son centième anniversaire. Le galeriste Albert Loeb, son neveu, nous en parle.
On se souvient d’Imogen Cunningham débutant, à 91 ans, une série de photographies sur des modèles plus âgées qu’elle… De Willy Ronis, faisant du parachute au même âge ou presque… D’Alvarez-Bravo, inaugurant récemment sa grande rétrospective américaine qui marquait son premier siècle d’existence. A croire que la photo conserve… Denise Colomb atteint aujourd’hui le même âge que son collègue mexicain. Cela fait quelques années qu’elle n’utilise plus son Leica mais elle a conservé toute sa lucidité et sera présente, samedi 6, à l’inauguration de l’exposition rétrospective que lui consacre Albert Loeb, son neveu. Le pseudonyme sous lequel elle est connue date de la guerre. Réfugiée à Dieulefit, elle cherchait un nom pour échapper aux persécutions contre les juifs. Ne le trouvant pas, elle pensa à Colomb et son œuf…
| Nicolas de Staël, 1954
© Ministère de la culture |
«Denise est la sœur de mon père, Pierre Loeb, et de son jumeau Edouard, nés en 1897. Après avoir travaillé quelque temps comme représentant de commerce pour mon grand-père, qui vendait des dentelles, Pierre Loeb a ouvert sa galerie en 1924, avec des œuvres de Pascin, qui était très connu à l’époque. En 1925, il a présenté la première exposition surréaliste et en 1934 les premières consacrées à Balthus et à Brauner. A l’époque, Denise ne photographiait pas encore. C’est en 1935, en route pour Saigon où son mari, ingénieur, avait été nommé à l’arsenal, qu’elle a acheté un appareil, avec lequel elle a pris de nombreuses images en Indochine. Sa célèbre série de portraits a débuté dix ans plus tard. En 1947, Antonin Artaud souhaitait se faire photographier. Il a vu dans la galerie de mon père une photo qu’il a trouvée très belle et a demandé qui en était l’auteur. C’était Denise…»
| Antonin Artaud, 1947
© Ministère de la culture |
L’année suivante, Denise Colomb répond à l’invitation d’Aimé Césaire pour effectuer un reportage aux Antilles, en compagnie de Michel Leiris, à l’occasion du centenaire de l’abolition de l’esclavage. Elle obtient ensuite de nombreuses commandes, pour des revues comme «Réalités», réalisant notamment un sujet sur l’île de Sein ou sur les petits rats de l’Opéra. Quant aux grands noms de l’art contemporain d’alors, ils continuent de défiler devant son objectif : Braque, Picasso, Giacometti, Max Ernst, Bram van Velde, Le Corbusier… En 1991, Denise Colomb a donné son fonds au Patrimoine Photographique. Mais elle n’a pour autant cessé son activité. «Son dernier portrait date de 1998, ce sont ceux des peintres Robert Guinan et Candida Romero. Dans les années quatre-vingt-dix, elle s’est intéressé aux flaques d’eau, aux masques africains, aux têtes en verre des mannequins.»
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