Arles voit grand et cherLes Rencontres photographiques, sous la présidence de François Barré et la direction de François Hébel, se renouvellent profondément. Mais à trois mois de l’ouverture, le budget, en forte hausse, n’est pas encore bouclé.
| Josef Koudelka, Invasion par les
troupes du Pacte de Varsovie devant
le siège de la radio août 1968,
Prague
© MAGNUM PHOTOS |
Confrontées à l’érosion de leur fréquentation et à la montée en puissance de concurrents dynamiques – le festival de photojournalisme de Perpignan, Paris Photo ou PhotoEspaña à Madrid – les Rencontres d’Arles ont décidé de prendre le taureau par les cornes et de «changer de format». A l’opposé de ses prédécesseurs, le maire, Hervé Schiavetti, a décidé de ne pas assumer lui-même la présidence de la manifestation. Il l’a proposée à François Barré, ancien directeur du Patrimoine au ministère de la Culture, lequel a confié la mise en place de la nouvelle politique à François Hébel. Pour ce dernier, qui fut un très jeune directeur artistique de la manif'estation à la fin des années quatre-vingts, et, plus récemment, le patron de Corbis-Sygma, la seule chance de survie résidait dans une fuite en avant.
| Josef Koudelka, Festival de musique
Gipsy, 1966, Slovaquie. Straznice.
© Magnum Photos |
«Les dernières éditions, avec un budget en régression, ne justifiaient pas que l’on traverse l’Europe pour venir à Arles. Nous nous sommes posés la question du «format» de la manifestation et la question de savoir s’il fallait une thématique, comme par le passé. Arles doit conserver son aspect transversal mais ne doit pas être une manifestation pour initiés. Elle doit s’ouvrir au numérique, suivre l’affaissement des barrières entre professionnels et amateurs, faire revenir les galeries, être un lieu de rencontre entre co-producteurs d’expositions, etc. De façon provocatrice, je dirais qu’il ne faut plus de thématique mais des photographes. Le temps d’un directeur artistique qui dicte son goût est passé. Nous avons besoin d’une multiplicité de propositions.» Le nombre d’expositions est en augmentation derrière un événement phare – la rétrospective Koudelka montée par Robert Delpire. Le nombre de stages – l’une des spécificités d’Arles avant d’être mis dans un demi-sommeil - passe de quatre à une vingtaine. Sept prix sont créés, dotés chacun de 10000 euros ainsi qu’une bourse qui financera un projet. Deux colloques de trois jours sont sur l’agenda. De nouveaux espaces seront ouverts, comme l’aile sud de l’espace Van Gogh, qui respecte les normes des musées, ou l’église des Frères prêcheurs, fermée au public depuis la Révolution, dont l’aspect intérieur n’est pas sans rappeler celui des Bouffes-du-Nord.
L’enrichissement du programme a un coût. On est aujourd’hui loin des 50000 francs employés lors de la première édition de 1970, sous la direction de Lucien Clergue. «Le budget 2002 est de 2,1 millions d’euros, précise Alain Arnaudet, l’administrateur général. Il était de 1,3 millions en 2001. La part des sponsors est de 400000 millions d’euros, en forte hausse par rapport à l’an dernier, où il ne représentait que 150000 euros.» La Délégation aux arts plastiques a porté sa contribution à 180000 euros et la politique tarifaire change : fini le temps des expositions gratuites et des soirées à fonds perdus (400 entrées payantes l’an dernier au théâtre antique sur toute la durée de la manifestation). Cependant, à trois mois de l’ouverture, fixée au 6 juillet, il manque encore 200000 euros. Pour François Barré, les inquiétudes n’ont pas lieu d’être : «Il y a dans l’invention d’un projet quelque chose qui lance une dynamique. Nous sommes persuadés que nous trouverons une part importante du budget manquant dans les semaines à venir.»
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