Russie-Allemagne

MOSCOU, 3 avr (AFP) - Des restaurateurs russes, financés par des fonds allemands, cherchent à reconstituer dans la région de Novgorod, au nord-ouest de Moscou, un gigantesque puzzle de dizaines de milliers de fragments qui ont jadis été de splendides fresques du XIVe siècle, a indiqué mercredi le ministre russe de la Culture Mikhaïl Chvydkoï. Ces fresques, dont les auteurs étaient des Grecs et des Byzantins inconnus, et qui sont comparables aux oeuvres de Giotto ou de Roublev, ornaient les murs de l'église de la Dormition à Bolotovo Pole. Unique monument de ce genre - elle n'avait subi aucune altération depuis sa construction au XIVe siècle -, bombardée par l'artillerie lors du passage du front allemand en 1941 et 1944, elle a été transformée en un tas de débris de 3 mètres de haut. Après la fin du conflit, les autorités se sont contentées d'élever un toit au dessus des ruines.

A la chute du communisme, des restaurateurs conduits par Tamara Anissimova ont commencé à récupérer des fragments. Mais les travaux ont démarré en grand il y a six mois, lorsqu'une société de distribution de carburants allemande, Wintershall AG (partenaire du géant russe Gazprom), a décidé d'y consacrer 1,5 million de dollars, pour "accompagner" le retour en Allemagne des vitraux de l'église de la Sainte Vierge de Francfort-sur-l'Oder. Il s'est révélé alors que quelque 40 mètres carrés de fresques restent visibles sur les fragments des murs encore debout. Le reste, soit quelque 260 mètres carrés de peintures murales, éclaté en morceaux allant de 2 mm à un mètre de longueur, a été transporté dans l'atelier des restaurateurs, qui, aidés par les photos des fresques prises encore avant la révolution russe de 1917, se sont attelés à leur reconstitution. Si celle-ci réussit, les fresques seront fixés aux murs de l'église qui doit être reconstruite entièrement d'ici à juin 2003. Elle sera alors ouverte au culte, mais avec des limitations, a indiqué M. Chvydkoï, rappelant que les fresques de Roublev avaient subi "une agression chimique violente" de la fumée des cierges depuis que les liturgies orthodoxes ont repris à la cathédrale de la Dormition à Vladimir, il y a une vingtaine d'années.

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