À Cologne, trois foires valent mieux qu’uneEn organisant à partir du 12 avril, trois salons, des antiquités à l'art contemporain, KölnMesse compte bien attirer plus d’acheteurs et internationaliser son offre…
| Bureau, Erfurt, milieu du 18e s.,
noyer, marqueteries incrustées
d’ivoire, 280 000 €
© Dr Thomas Schitz-Avila /
KunstMesse |
La journée qui commence risque d’être mouvementée au Parc des expositions de Cologne, aux abords du Rhin. Ce vendredi marque le premier jour de la 16e édition de l’Antiquariatsmesse, consacrée aux livres anciens, ainsi que l’inauguration de deux salons : la KunstMesse et KunstKöln. Il n’y a bien sûr pas de hasard derrière cette concordance de dates. Depuis l’an passé, l’organisme qui gère ces trois salons, la Kölnmesse, a décidé de les réunir pour diversifier son offre.«L’idée est de donner aux visiteurs le choix le plus vaste possible : KunstMesse va de l’Antiquité aux années 1970 et la KunstKöln prend le relais, de 1980 à nos jours», explique Dirk Mangold, le responsable de la communication de Kölnmesse. Cette politique, qui vise également un accroissement de la fréquentation, semble déjà porter ses fruits. «L’an dernier, nous avons comptabilisé 33 000 visiteurs alors que précédemment, l’Antiquariatsmesse attirait environ 5 000 personnes tandis que la KunstMesse et KunstKöln réunissaient 23 000 personnes. Ce qui est important pour nous, c’est que l’offre de KunstKöln attire un public plus jeune vers les objets d’art et les antiquités de la Kunstmesse».
| © KunstKöln |
Ce résultat reste cependant bien en-deçà de ceux du principal salon de la Kölnmesse, Art Cologne, qui annonçait 65 000 entrées en cinq jours, au mois de novembre dernier. Cette différence de fréquentation recouvre des divergences plus profondes. Autant Art Cologne est une foire internationale dans laquelle 35 pays étaient représentés en 2002, autant les foires de printemps sont profondément ancrées dans la région. Seuls 3 des 60 exposants de l’Antiquariatsmesse ne sont pas allemands. Ce sont Symposium de Prague, Antica Libreria Cappelli de Bologne, spécialiste du livre de gastronomie, et l’américain Lame Duck Books qui compte attirer les acheteurs, principalement allemands, belges et néerlandais, avec Umbra Vitae, l’un des 500 exemplaires du recueil de poésies de l’expressionniste Heym Georg illustrés par Kirchner (20 250 €). «C’est vraiment une question d’histoire», poursuit Dirk Mangold «la Kunstmesse, qui compte cette année 11 participants étrangers sur 130, a longtemps refusé les galeristes étrangers. Il est maintenant très difficile de les attirer, d’autant plus que nous avons la concurrence de TEFAF : nous sommes proches de Maastricht à la fois dans l’espace et dans le temps».
À ce titre, l’importance de KunstKöln est évidente. Malgré un programme difficile à cerner, centré sur les quatre piliers que sont la photographie, l’édition, l’art brut et l’art actuel, la jeune foire, créée il y a deux ans, attire déjà 120 exposants pour un quart étrangers. Une proportion qui s’explique de différentes manières. «Dans le domaine de la photographie, nous sommes sans doute le second salon européen après Paris Photo. Nous sommes également le seul salon européen à consacrer tout un espace à l’art brut. Cette année, il réunit une dizaine de galeristes essentiellement autrichiennes. Mais surtout, nous rencontrons moins de concurrence que pour les antiquités. Sur le marché de l’art moderne, le seul autre salon de la région est Art Francfort». Difficile pour autant de savoir si le marché international visé par la dernière-née des foires de Cologne saura rompre l’enracinement régional de la doyenne, la KunstMesse, qui fête cette année sa 33e édition.
|