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Expositions

Le Montparnasse des femmes

Le musée du Montparnasse accueille les toiles de Mary Cassatt, Suzanne Valadon, Marevna et autres habituées des ateliers du quartier. Une exposition qui fait revivre près d’un siècle de création.


Modigliani, Femme au chapeau,
1918 © Coll. particulière
En contre-bas de la gare, un petit coin de verdure fait oublier à ses visiteurs le tumulte de la ville. Dès la fin du 19e siècle, le quartier Montparnasse fait figure de foyer artistique au même titre que Montmartre quelques années auparavant. L’exposition dresse un portrait de cette époque à travers le regard des femmes artistes, de Camille Claudel à Tamara de Lempicka en passant par Hermine David . Il s’agit plus de reconstituer une ambiance que de réaliser un «annuaire» des compagnes ou égéries de peintres et de sculpteurs. Au début du 20e siècle, elles deviennent la principale source d’inspiration d’artistes comme Rodin (La main de l’artiste tenant un torse féminin (1917)), Henri-Lucien Robert ou Georges Bottini qui n’ont cessé de croquer ces figures de la Belle Époque. Sur des airs de Piaf, le visiteur découvre des documents d’époque comme ces photographies des cours à l’Académie de femmes, où le travail sur modèle vivant était autorisé, ou encore de Madeleine Luka dans son atelier. Après des débuts timides, ces artistes se font de plus en plus nombreuses dans un univers essentiellement masculin. Jacqueline Marval, compagne de Flandrin, amie de Matisse et de Marquet, s’illustre dans des toiles de grandes dimensions, aux couleurs vives et dont les thèmes préfigurent déjà les Années folles. Le côté excentrique de l’artiste ressort dans la nonchalance de ces femmes jouant avec un chat dans Les Coquettes (1903).


Tamara de Lempika, Femmes à la
robe jaune
, 1928
Collection particulière
© ADAGP
Modèle ou artiste, les deux versants de la figure féminine se mêlent. Des artistes comme Paul César Helleu ou Maurice Denis rivalisent de raffinement dans leurs portraits mondains. Dans les Années folles, une nouvelle image se met en place, celle de la « Garçonne ». Les dessins de mode de Sonia Delaunay illustrent cette nouvelle tendance dans ce costume pour Le Cœur à gaz, première pièce dada de Tzara. Dans l’Ecole de Paris, citons Fernande Barrey, première femme de Foujita, Angelina Beloff, Diora Bianka ou des noms plus connus comme Natalia Gontcharova, Marie Laurencin ou Dora Maar. Toutes exercent leur art dans des styles très différents, du cubisme au réalisme. L’accrochage tient compte des couples : les toiles et les dessins d’Hermine David voisinent avec le portrait qu’a fait d’elle Jules Pascin, son compagnon. Tamara de Lempicka, baronne de Kufner, célèbre pour l’élégance de ses portraits, est ici représentée par Femme à la robe jaune de 1929, toile qui témoigne de la volonté de construire une image différente de la midinette frivole du début du siècle. Man Ray rend hommage aux femmes en général dans Violon d’Ingres et à son égérie, Kiki de Montparnasse, dans un portrait de 1926. Certaines pièces surprennent par le style comme ces toiles pointillistes ou dimensionnistes de Marevna, compagne de Diega Rivera, qui réalisa Hommage aux amis de Montparnasse en 1960 .


 Stéphanie Magalhaes
29.05.2002