Area jacta estL’éditeur Alin Avila baptise le premier numéro d’une nouvelle revue d’art, «Area».
| La revue |
Un homme mince, de dos, vêtu de noir, les cheveux grisonnants, s’attardant à lire le cartel d’une installation, au Palais de Tokyo : telle est l’image qui figure sur la couverture du n°1 de la nouvelle revue d’art, «Area» ; un homme sérieux - triste presque -, mûr et dubitatif. Le symbole de l’état dans lequel se trouve le dialogue entre l’art et nous, ici, aujourd’hui ? «On est tous égarés, explique Alin Avila. Chacun a raison d’exprimer ses positions. Que celles-ci soient en contradiction, je ne trouve pas ça du tout aberrant. Il manque simplement au débat une donnée fondamentale, qui est la connaissance des origines. Le projet de cette revue, c’est de regarder la demi-moitié du siècle passé comme le socle de la situation actuelle. Le discours critique est aujourd’hui totalement soumis à la logique du marché. Il y a une confusion totale entre l’art et le fait de vendre l’art. Mon ambition politique, c’est de permettre par la connaissance de calmer le jeu. Sans légitimer les excès».
| La soirée d'inauguration
© Françoise Monnin |
Résultat ? 188 pages, trimestrielles ; un bel objet - presque une allure de livre mais pas tout à fait - qui s’en va farfouiller dans les racines de l’état des choses… Et pose, encore et toujours, la question de la définition de l’objet d’art. Le n°1 d’Area consacre un grand dossier à François Matthey, commissaire de célèbres évènement tels que la première rétrospective Picasso ou la fameuse exposition surnommée Pompidou, en 1972. «Il aura été le premier à dire : montrons ce qui émerge, ce qui est vivant. C’est aussi lui qui a soutenu la Fondation Dubuffet, et lui qui a commencé en 1961 la réflexion qui a abouti à la création du Centre Pompidou. L’action de Matthey souligne par ailleurs la difficulté qu’a l’institution d’être un agent qui opère».On trouve aussi dans ce n°1 beaucoup d’entretiens avec des artistes, quelques notices sur l’actualité des expositions, des points de vue sensibles, de professionnels ou d’amateurs… Bref, de quoi lire des jours et des jours, tant les textes sont longs. Trop, presque. Il manque à la maquette d’«Area» n°1 un peu d’air, de couleur, de lisibilité, et de fraîcheur. Pas assez de jeunes, pas assez de femmes ! Nul doute que le tir sera corrigé dans le n°2, à paraître en juin, consacré au dialogue de l’Art avec la Nature.
| Françoise Monnin 08.04.2002 |
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