Le classicisme grec émeut les AllemandsBerlin accueille pour trois mois une imposante exposition consacrée au classicisme hellène.
| Stèle funéraire dite Stèle
Giustiniani, vers 460 av. J.-C.
© Antikensammlung SMB
Photo: Jürgen Liepe |
Avant même son ouverture, la grande exposition berlinoise de la saison faisait parler d’elle. Dès le mois de janvier, des archéologues exprimaient leur mécontentement auprès du ministère grec de la Culture qui avait accepté de prêter 113 œuvres à l’«arrogant» musée allemande des Antiquités (Antikensammlung) qui ne semblait pas tenir compte de la dangerosité du transport des fragiles reliques. Depuis son inauguration, le 1er mars dernier, cette agitation n’a pas faibli. «Le classicisme grec, idée ou réalité» semble ainsi prendre le relais de l’exposition «Troie, rêve et réalité» qui a attiré plus de 850 000 visiteurs à Stuttgart et Bonn, où elle a fermé ses portes à la fin du mois de mars. Il faut dire que, curieusement, les superlatifs ne manquent pas pour évoquer cette exposition consacrée à l’art de la mesure. Le Martin Gropius-Bau de Berlin a en effet mis à disposition une surface de 2400 mètres carrés pour exposer les 600 objets provenant de 120 musées et de collections privées internationales.
| Buste de Périclès, copie
romaine d'après l'original
grec des années 430 av.
J.-C. © Antikensammlung
SMB Photo: Johannes
Laurentius |
Le parcours invite chaque visiteur à remonter aux sources du classicisme et à comprendre ce que recouvre cette notion. Nous sommes à Athènes, au 5e siècle avant notre ère. Les Grecs entretiennent des relations commerciales prospères avec les peuples méditerranéens, les Ibères, les Phéniciens ou les Egyptiens. L’ordre social repose sur la définition stricte des classes, sur l’exclusion des esclaves et des femmes. À celui-ci répondent des canons qui doivent permettrent aux artistes d’atteindre la perfection. Le premier d’entre eux est établi par Polyclète qui fixe un rapport idéal de proportions et de symétrie des lignes pour la figure humaine. Viennent ensuite les ordres architecturaux dont le Parthénon fut le symbole tout comme le mausolée d’Halicarnasse, puis les modèles de la tragédie que furent Eschyle, Sophocle ou Euripide.
Bien que conscients de leur position dans le monde antique, les Grecs ne savaient pas que leur mode de vie et leur art seraient qualifiés de classique. La dernière partie de l’exposition invite à prendre du recul tout en s’interrogeant sur le basculement qui se produit dès le 4e siècle avant notre ère. On y voit les populations orientales, conduites par les rois de Macédoine, reprendre et répandre les modèles grecs. On suit Auguste ou Hadrien les réinterpréter pour donner un nouveau souffle à la tradition romaine du portrait impérial. On assiste enfin à la redécouverte de l’art classique à l’âge de Winckelmann, à son détournement complet dans la construction d’édifices dictatoriaux démesurés et à sa réinterprétation à l'aube du 21e siècle par le groupe des néoacadémiciens de Saint-Pétersbourg.
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