Quand Madonna (aussi) était nue

Comment faire de l’audimat ? C’est l’obsession de la télévision contemporaine, un défi brillamment relevé par Loft Story et ses avatars, dont l’audience ferait saliver tout candidat à la présidentielle. Comment faire affluer le public à son exposition ? C’est le défi brillamment relevé par Peter Howson, un artiste autrefois fort acclamé et tombé depuis dans un relatif anonymat. Pour appâter les médias anglo-saxons – qui ont répondu comme un seul homme, à l’exception peut-être du «New York Times» - l’artiste a décidé de peindre Madonna nue et, surtout, de le faire savoir urbi et orbi. Pour être franc, Peter Howson n’était pas le plus mal placé pour réaliser une telle œuvre. Dans sa période flamboyante des années quatre-vingt, il lui est arrivé de fréquenter la chanteuse laquelle était, selon la rumeur, l’un de ses collectionneurs les plus enthousiastes. Elle aurait dit à Peter Howson qu’elle appréciait son travail car il était «puissant et triste».

L’anatomie de la star, exposée dans une galerie écossaise, à Ayr, la ville natale de Howson, est musculeuse, noueuse comme un tronc d’arbre. La faute à l’aérobic ? Aux entraînements effectués sous la conduite de son précédent compagnon, un professeur de gymnastique cubain ? Peter Howson ne pourra pas répondre… Car, comme il l’a avoué lui-même, Madonna n’a jamais posé pour lui. Les deux tableaux sont présentés comme un «hommage à Madonna et Howson a précisé lors de l’inauguration qu’il n’était «pas question de la critiquer ou de se moquer d’elle». Il a ensuite tenu à souligner que l’exposition, qui comportait une centaine de tableaux, marquait pour lui une renaissance personnelle après une longue lutte contre la drogue et l’alcool. On est tout prêt à le croire, n’étaient le battage publicitaire et l’étrange coïncidence : l’exposition sera ensuite visible à Londres, à la galerie Flowers Central, à partir du 18 avril, quelques semaines seulement avant que Madonna ne fasse son début sur les planches londoniennes, au Wyndham’s Theatre…

«Tout le monde parle des deux nus de Madonna mais on oublie tout le travail réalisé sur le 11 septembre, les autoportraits, comme ce Selfportrait as a beleaguered man qui résume son combat, nous rappelle Ben Lawrence, l’agent de l’artiste. Il s’agit de plusieurs années de travail, il y a là le fruit de nombreux voyages, d’études sociologiques comme cette série sur les mineurs, réalisée pour le Scottish Coal Board.» Peter Howson, dont les œuvres ont été achetées par la Tate Modern et la National Portrait Gallery, avait été nommé il y a quelques années l’«Official War Artist», une fonction typiquement britannique, lors de la guerre de Bosnie. On ne sait pas si Peter Howson a aujourd’hui relancé sa carrière. Il savoure au moins sa résurrection comme personnage médiatique.