Jean-Pierre Raynaud : «Votez pour moi !»En même temps que Chirac ou Jospin, l’artiste s’est lancé dans une campagne à travers la France, sur fond de drapeau français. Avant son meeting parisien du 19 avril au Palais de Tokyo, il a répondu à nos questions.
| © M & Y Di Folco / Adagp |
Vous avez commencé une campagne sur tout le territoire français.
Jean-Pierre Raynaud. Je respecte le tableau de bord d’un candidat. J’étais le 5 avril à Nantes, le 9 à Tours, puis à Bordeaux, à Marseille. Je me sers du dispositif d’un candidat à la présidentielle. A Tours, par exemple, j’étais au Palais des Congrès dessiné par Jean Nouvel, sur une estrade avec un micro. Et derrière moi, le tableau tendu sur un châssis. C’est le même drapeau en coton que je transporte de ville en ville. Je le monte moi-même au début de la réunion et le démonte à la fin. L’ensemble pèse trente kilos.
Quel discours prononcez-vous ?
Jean-Pierre Raynaud. Je dis quelque chose de différent à chaque fois, je ne lis pas de texte. Je me lance dans une profession de foi pour toujours rebondir sur le présent, je me demande ce qu’est un artiste, comment il réagit. Je dis que les musées c’est bien mais qu’un projet doit toujours s’oxygéner dans la réalité. L’artiste doit poser des problèmes et mettre le doigt là où ça fait mal. Il doit prendre des risques.
Qui vient vous voir ?
Jean-Pierre Raynaud. J’ai eu de la chance, malgré les vacances scolaires, d’avoir un bon public. Les salles, qui font entre deux cents et trois cents personnes, étaient pleines. Je ne recherche pas le public des amateurs d’art, je veux aussi celui des politiques. Je ne veux surtout pas rester dans le milieu de la muséographie. C’est pourquoi nous avons choisi de diversifier les lieux de la campagne. Il y a bien sûr des musées, comme à Marseille, mais aussi l’Opéra de Lyon, le Lieu Unique à Nantes ou l’Institut d’études politiques à Bordeaux.
Quel est le rôle de votre directeur de campagne, Pierre Restany ?
Jean-Pierre Raynaud. Il a ouvert la campagne et il la clôturera à Lyon, le 25 avril. Il intervient au début, avec une allocution, en tant qu’intellectuel. Le 19, il me reçoit à Paris en tant que président du Palais de Tokyo.
Ne craignez-vous pas la récupération ?
Jean-Pierre Raynaud. Lorsque j’ai commencé en 1998 au Jeu de Paume, il y a eu des polémiques. Le directeur m’a dit que nous ne pouvions pas montrer le drapeau français, que nous allions passer pour des lepénistes. Mais le drapeau français n’appartient à personne ! C’est Le Pen qui a fait une prise d’otage. Le drapeau ne m’appartient pas non plus mais par mon action, je le fais entrer dans le monde de l’art.
Etes-vous entouré de gorilles, comme les candidats à la présidentielle ?
Jean-Pierre Raynaud. Je n’ai pas de service d’ordre, je suis donc à la merci d’un fou, je peux me faire casser les dents. Mais je préfèrerais cependant que ce soit à la fin de ma campagne.
Que ferez-vous ensuite du drapeau ?
Jean-Pierre Raynaud. Je le stockerai, c’est mon capital artistique. Mais il restera opérationnel.
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