Va voir chez la Pompadour…Versailles inaugure les appartements restaurés de la favorite de Louis XV. Si les mécènes ont fait merveille, il a fallu beaucoup d'imagination pour mener à bien la reconstitution.
| © Françoise Monnin |
Un grand escalier de marbre mène à une porte couverte de miroirs. Derrière, l'escalier est en bois, et presque en colimaçon. Direction : les combles ! C'est en effet au dernier niveau du palais (là où Louis XV, enfant, avait installé ses salles d'études, sa cuisine, son atelier pour tourner l'ivoire, sa garde-robe et ses volières), que se trouve l'appartement de la maîtresse officielle. Modeste, à la vérité : tout juste trois pièces. Rien à voir avec les différents châteaux qu'occupa ensuite la Pompadour, de Champs-sur-Marne à Saint-Ouen, en passant par le palais de l'Elysée ! Mais ainsi, la belle était à portée de main.
«Cet appartement n'est pas Pompadour, mais il est vrai qu'il aurait pu l'être», avoue le guide. Peu d'archives demeurent, en effet, si ce n'est quelques factures, comme celle qui indique la restauration d'une «commode en laque rouge». La Pompadour n'était pas meublée par le roi. Impossible, par conséquent, de dresser un inventaire… D'autant que la dame ne vécut là, après que la duchesse de Châteauroux eut été remerciée, que quelques années, à partir de 1745. Dès 1750, le souverain lui offrait le château de Bellevue !
Les mécènes ont toutefois été nombreux à œuvrer à cette charmante reconstitution. La duchesse de Windsor, en tout premier lieu, légua un mobilier d'époque. «Un peu une Pompadour, dans son genre. Toutes deux aimaient les mêmes ébénistes et les mêmes chiens». La maison Véret de Belval s'est chargée des soieries : madrigal coloris rose ancien ; sous-rideaux en galatée coloris glaïeul, dos de bergères en menuet rose ancien… La maison Houlès, aidée par Christian Baulez, conservateur en chef à Versailles, a défini les tons des passementeries : bleu-vert et rose. Embrasses à deux glands, jupes lambrequinées à mèches, large galon à guipure… Quant aux cristalleries Swarowski, elles ont conçu les lustres, à pendeloques et bougies clignotantes… électriques.
Si le goût de la Pompadour est davantage éclatant au rez-de-chaussée du palais, là où se déroule actuellement une vaste exposition qui lui est consacrée, son fantôme n'en demeure pas moins émouvant, dans le petit monde reconstitué au grenier, avec lit profond et table de toilette couverte de dentelles.
| Françoise Monnin 23.04.2002 |
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