CAUVICOURT (Calvados), 18 avr (AFP) - L'extraction de la "pierre de Caen", qui a repris de plus belle depuis fin 2001 à la carrière des Aucrais, à une dizaine de kilomètres au sud de Caen, va permettre dans les prochaines années d'assurer la restauration de nombreux monuments, en France et à l'étranger. Un très grand nombre d'édifices publics et religieux ont été réalisés depuis l'époque gallo-romaine en pierre de Caen dans la région normande mais le fin calcaire normand s'est aussi largement exporté. L'Angleterre regorge ainsi de monuments réalisés, entièrement ou en partie, en pierre de Caen : la Cathédrale Saint-Paul de Londres, l'abbaye de Battle, le château de Buckingham, ou encore le Pont et la Tour de Londres. Le calcaire caennais orne aussi le Palais royal de Bruxelles, la cathédrale de Cologne ou encore la cathédrale Saint-Patrick de New-York. Un palmarès éloquent de monuments qui nécessitent pour leur entretien et leur restauration que l'extraction de la pierre de Caen se perpétue. En effet, si la pierre de Caen brille selon les spécialistes par "sa solidité, la finesse de son grain et sa luminosité", il apparaît néanmoins que son vieillissement naturel et l'agression de la pollution nécessitent des restaurations continuelles. Avant 1995, en l'absence de pierres de Caen, les restaurations faisaient appel à des pierres de substitution provenant pour la plupart du bassin parisien qui, lors de leur vieillissement, laissaient apparaître une patine différente, nuisible à l'esthétisme du monument.
De plus, la pierre de Caen, "solide lorsqu'elle est utilisée seule, rejette fortement les greffes de matériaux exogènes jusqu'au risque de la perte de la substance même des édifices", explique Daniel Lefèvre, architecte en chef des monuments historiques. D'où la nécessité pour les collectivités locales et territoriales de relancer l'exploitation de la pierre de Caen, dans un souci de préservation du
patrimoine. Le premier regain d'intérêt pour la pierre de Caen date de 1986, lors de la recherche d'un site d'extraction en vue de la construction du Mémorial de Caen. Un carrière souterraine, qui n'avait plus été exploitée depuis 1830, avait pour l'occasion été remise en activité. En 1992, en vue de rénovations importantes sur les monuments de la région, un nouveau site pour l'exploitation de la pierre avait été trouvé au sud de Caen entre Bretteville-sur-Laize et Cintheaux. L'extraction avait débuté en 1995 avant que le carrier ne cesse son activité en 1997. L'exploitation n'ayant pas repris sur le site, les collectivités ont saisi l'opportunité d'exploiter une carrière à ciel ouvert située à quelques kilomètres du site précédent et déjà utilisée comme centre d'enfouissement technique de déchets: la carrière des Aucrais, à Cauvicourt. Depuis le début de son exploitation fin 2001, l'extraction s'est développée très rapidement pour atteindre 150 m3 par mois. Selon la ville de Caen, à l'initiative du projet, "la reprise de cette exploitation doit ouvrir un vaste marché. Elle devrait fournir les futurs grands projets de restauration (...) et répondre à la demande étrangère".
par Christian GAUVRY
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