Real Fábrica de Artillería de Sevilla, 18e siècle © IPHE
Real Fábrica de Artillería de Sevilla, 18e siècle © IPHE
| | L'Espagne soigne son patrimoine industrielUn plan récemment approuvé prévoit le recensement et la protection des principaux sites d'archéologie du patrimoine.
Le patrimoine industriel espagnol est-il menacé ?
Ramón de la Mata, directeur pour les monuments à l'Instituto del Patrimonio Histórico Español. Bien que l'Espagne ait connu une industrialisation plus tardive que la France ou que l'Angleterre - elle a véritablement démarré vers 1850 - le patrimoine qui en est résulté est aujourd'hui menacé. Pour deux raisons essentielles : parce qu'il est souvent situé dans des zones qui présentent une forte valeur immobilière, d'où la tentation de vendre pour réaliser des plus-values et, en second lieu parce qu'il n'appartient pas à l'Etat ou à des collectivités territoriales mais à des particuliers, d'où la difficulté de le protéger.
Quels sont les sites emblématiques espagnols ?
Ramón de la Mata Il y a la fois des paysages, comme les bassins miniers des Asturies ou de Río Tinto, en Andalousie, et des bâtiments isolés. La Catalogne a d'importants complexes textiles, la Galice des installations portuaires et de pêche et Carthagène est un centre d'industrie minière. Certains sites ont déjà fait l'objet d'actions réussies de sauvegarde. On peut citer un dépôt de combustibles à Tenerife ou le réservoir d'eau du canal d'Isabel II à Madrid, tous deux transformés en centres culturels. Toujours à Madrid, on travaille actuellement à la reconversion de la grande brasserie El Aguila.
Comment va s'organiser la protection ?
Ramón de la Mata Un plan d'intervention a été approuvé en avril 2001. Il a été suivi de sessions à l'université d'été de la Complutense à Madrid. En Espagne, ce sont les comunidades (collectivités territoriales) qui ont la compétence dans ce domaine, l'Etat ne pouvant agir directement que sur les monuments qui lui appartiennent et qui sont propriété de quelques ministères. Chacune des régions va dresser une liste de sites à protéger, qui doit être achevée pour la fin de l'année 2001. Une commission se réunira, composée des membres de l'Instituto del Patrimonio Histórico Español, d'experts indépendants et d'experts des communautés autonomes, pour arrêter l'inventaire final. Un plan directeur sera rédigé en 2002 en collaboration entre l'Etat et chaque région, comme cela se fait pour le plan sur les cathédrales (à la différence de la France, les cathédrales, en Espagne, appartiennent à l'Eglise). Les actions de sauvegarde débuteront en 2003. On peut prévoir, à partir de cette date, un investissement annuel global de l'ordre de 6 millions d'euros.
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