| Javier González de Durana |
A l'ombre du Guggenheim ?Le Pays basque espagnol inaugure aujourd'hui un nouveau musée d'art moderne et contemporain à Vitoria. Son directeur entend lui donner une personnalité affirmée.
Comment est né le projet Artium ?
Javier González de Durana, directeur. La naissance du musée est liée à l’importante collection de 1500 pièces d’art contemporain que la Députation d’Alava a réuni dans ces dernières années. Cette collection, que l’on ne pouvait présenter dans son intégralité par manque de place, était partiellement exposée au musée des Beaux-Arts de Vitoria. La Députation a décidé, il y a trois ou quatre ans, la construction d’un édifice qui puisse l’accueillir. Nous avons suivi le parcours traditionnel pour un musée, qui passe par l’existence d’une collection. Ce qui n’est pas si évident aujourd’hui, où il est fréquent que l’on construise des musées qui n’ont pas encore de collection permanente, dans une aspiration un peu forcée à s’inscrire coûte que coûte dans la vie culturelle. Artium naît au contraire de façon ordonnée, avec la colonne vertébrale, la moelle qui manque à ces derniers.
En dehors de la Députation, quelles autres institutions ont apporté leur concours ?
Javier González de Durana. La municipalité de Vitoria a fourni un terrain de 7200 mètres carrés. Pour la construction de l’édifice, le gouvernement basque a apporté un milliard de pesetas et le ministère de la Culture espagnol 750 millions de pesetas.
Comment s’accroîtront les fonds du musée ?
Javier González de Durana. L’année dernière, nous avons déjà investi 150 millions de pesetas pour l’acquisition de nouvelles œuvres d’art et nous disposerons cette année de la même somme. En 2001, nous avons acheté 90 œuvres. Certaines correspondent aux avant-garde des années vingt, d’autres sont plus tardives comme un Oscar Domínguez de 1950 et deux tableaux de Rafael Zabaleta, d’autres, enfin, témoignent des tendances actuelles. Notre ambition est d’être sur la ligne de front où l’on voit apparaître les nouveaux artistes sans renier pour autant la vocation encyclopédique d’un musée. Celle-ci se traduit par un regard sur le passé qui permet de mieux comprendre le présent. Les prémices de notre collection datent des années vingt, trente et quarante mais l’essentiel est consacré à l’art espagnol des années soixante à nos jours.
| Le musée Artium à Vitoria |
Quels sont les grands noms de la collection ?
Javier González de Durana. On y trouve pratiquement tous les artistes espagnols de la seconde moitié du siècle, desquels nous possédons deux, trois ou quatrre pièces et pas les moins importantes. Ces œuvres ont pu être achetées à bon prix, avant qu’elles n’atteignent leurs cotations actuelles. Ce qui nous a permis de réunir des auteurs de l’envergure de Tàpies, Pérez-Villalta, Palazuelo, Barcelo, Chillida, Solano ou Juan Muñoz.
Quelle importance ont l’édifice et son emplacement ?
Javier González de Durana. L’édifice est très fonctionnel. On n’a pas cherché d’effet particulier dans l’apparence extérieure. Je soulignerais en revanche qu’il est très silencieux car il se trouve pour l’essentiel au-dessous du niveau de la rue. Ces quelques éléments définissent entre autres la finesse de son architecte, originaire de Vitoria, José Luis Catón. Une autre de ses qualités est qu’il s’agit d’un édifice quasiment invisible. Ce que l’on voit lorsque l’on se met face au musée, c’est une place, que les citoyens peuvent «envahir», et qui se trouve au-dessus de la salle d’exposition. Les gens peuvent ainsi entrer, presque sans s’en rendre compte, dans Artium.
Le Pays basque dispose déjà de plusieurs musées d’art contemporain comme le Guggenheim. Comment Artium s’en différenciera-t-il ?
Javier González de Durana. Nous serons totalement distincts du Guggenheim dans notre façon d’organiser les expositions. Nous ne naissons aucunement avec le complexe du «petit musée» même si nous ne disposerons pas toujours des moyens du Guggenheim. Nous voulons avoir un rôle complémentaire. Les expositions du Guggenheim durent longtemps, de quatre à six mois. Nous mettrons en avant un programme dynamique d’événements plus courts. J’en veux pour exemple les onze expositions que nous allons inaugurer dans les huit mois où nous serons ouverts cette année.
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