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Thyssen, le baron dans les toiles

Le baron Hans Heinrich Thyssen-Bornemisza est décédé samedi dernier. Sa collection est considérée comme la plus riche au monde.

MADRID, 27 avr (AFP) - Le baron Hans Heinrich Von Thyssen, décédé dans la nuit de vendredi à samedi à Sant Feliu de Guixols (nord-est de l'Espagne) à l'âge de 81 ans, était l'héritier et le continuateur d'une des plus grandes collections d'art du monde. Les 775 meilleures oeuvres de cette collection avaient été cédées en 1993 à l'Etat espagnol, après six ans d'âpres négociations et pour 338 millions de dollars. Elles sont exposées depuis au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, la ville de la cinquième épouse du baron, Carmen Cervera.

Né à Scheveningen (Pays-Bas) le 13 avril 1921, Hans Heinrich Von Thyssen Bornemisza était le fils d'une baronesse hongroise, Margarita Bornemisza, et du riche homme d'affaires allemand Heinrich Thyssen. Ce dernier profite du crash de 1929 pour acquérir de nombreuses peintures et sculptures appartenant à des financiers ruinés, enrichissant ainsi une collection d'art entamée par son propre père, grand admirateur de Rodin. Fuyant la montée du nazisme, Heinrich Thyssen et son fils s'installent en 1932 à Lugano (Suisse). En 1947, Hans Heinrich Von Thyssen hérite à l'âge de 26 ans du titre de baron et de ce qui reste de l'empire industriel et financier de son père, ravagé par la seconde guerre mondiale. En une dizaine d'années, le jeune baron remet sur pied cet empire en Allemagne et aux Pays-Bas, fondant notamment des chantiers navals et des centrales électriques, puis investissant dans des secteurs à croissance rapide aux Etats-Unis. Sa fortune, une des plus grandes de la planète, lui permet de devenir le premier homme d'affaires d'Europe à s'offrir un avion privé à réaction. Parallèlement, il s'emploie à regrouper les 525 oeuvres de la collection de son père, éparpillées à sa mort entre divers héritiers ou vendues à des tiers.

Alors que son père boudait totalement l'art du 20ème siècle, Hans Heinrich Von Thyssen achète massivement les oeuvres contemporaines, allant des expressionistes et des fauvistes aux cubistes, à l'art abstrait et au "pop art". Plus de 1.000 tableaux s'ajoutent ainsi aux oeuvres acquises par son père et son grand-père et s'étendant du Moyen-Age au 19ème siècle. Après quatre divorces, le baron épouse en 1985 l'Espagnole Carmen Cervera, elle-même titulaire d'une collection de 700 tableaux. Cette union scellera le destin de la fabuleuse collection, sauvegardée depuis lors, après renonciation de tous les héritiers, par la fondation Thyssen-Bornemisza et hébergée dans un palais situé en face du célèbre musée madrilène du Prado.

La collection Thyssen et la collection Cervera devraient prochainement être exhibées conjointement, selon le voeu des époux, après une série de travaux d'agrandissement. Père de cinq enfants issus de ses différents mariages, le baron Thyssen était parvenu il y a quelques mois à un accord avec son fils aîné, Georg Heinrich Von Thyssen, pour mettre fin à une complexe querelle d'héritage qui avait éclaté entre eux au milieu des années 1990. Souffrant de problèmes cardiaques, le baron avait été opéré à plusieurs reprises. Il est mort dans la nuit de vendredi à samedi à son domicile de Sant Feliu de Guixols (nord-est), et devait être enterré à Schloss Landsberg, en Allemagne.
rc/lmt eaf.tmf

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  AFP
29.04.2002