Accueil > Le Quotidien des Arts > Giorgia Fiorio : cherchez l’homme

Expositions

Pèlerin au retour de Gomukh, (source du Gange) devant la montagne de Shivlinga Garhwal, Inde, mai 2001, 100 x 101 cm © Giorgia Fiorio


Corps à corps, 2e régiment de parachutistes de la Légion Etrangère, 4e compagnie, camp Général de Gaulle, Libreville, Gabon, avril 1995, 31 x 31 cm
© Giorgia Fiorio


Giorgia Fiorio : cherchez l'homme

La photographe italienne, célèbre pour ses séries sur les communautés masculines, présente dix ans de travail aux Transphotographiques de Lille.

Que présentez-vous à Lille ?
Giorgia Fiorio.
Cette exposition est un parcours libre entre mes deux projets, celui sur les hommes, qui m’a pris dix ans et que j’ai achevé en 1999, et celui sur le don, que j’ai commencé en 2000 et qui devrait s’achever en 2006.

Pourquoi avez-vous choisi cette approche par séries ?
Giorgia Fiorio.
Au début, ce n’était pas une décision. Je commençais la photographie, je ne savais pas ce que j’allais faire dans les dix années suivantes! J’ai travaillé sur les boxeurs, les mineurs et c’est Jeanloup Sieff qui m’a dit : «Vous travaillez en réalité sur un seul grand projet de communautés fermées, qui s’appellera Les Hommes» A force d’être avec ces hommes dans des situations extrêmes – les légionnaires, les marins, les pompiers – qui sont confrontés à la mort, à la douleur – des aspects que notre civilisation évacue - on en vient forcément à se confronter à soi-même.

Et le don ?
Giorgia Fiorio.
Il s’agit d’une recherche sur la spiritualité dans le monde, la spiritualité non pas entendue comme dogme mais comme élan, comme transcendance, comme métaphysique, sous ses différentes formes, en différents endroits de la planète. J’ai commencé en 2000 sur le thème de la croix, en me rendant en quatre lieux symboliques du christianisme, qui dessinent une croix : à Lalibela en Ethiopie, en Pologne, aux Philippines pour les flagellants et les crucifiés d’un quart d’heure, et à Tahiti pour le rituel syncrétique vaudou-catholique. En 2001, j’ai travaillé sur le Gange, de sa source au delta. Cette année est consacrée au boudhisme et à ses montagnes sacrées, notamment le mont Kailash, où je serai pour la pleine lune du 26 mai. C’est une montagne sacrée aux boudhistes mais aussi aux hindouistes, aux jaïns et aux sikhs.

Comment s’organisent vos années ?
Giorgia Fiorio.
Chaque année, c'est six ou sept mois de production. Puis il faut autant de temps pour l’édition, le tirage – que je fais moi-même, c’est la seule façon de se réapproprier ses images, de mettre fin au dédoublement – et la préparation des voyages suivants.

Avez-vous le temps de mener d’autres projets ?
Giorgia Fiorio.
Pas vraiment ! J’ai cependant répondu à une commande du Castello di Rivoli, le centre d’art contemporain près de Turin, qui a donné carte blanche à six photographes pour tracer un portrait du Piémont. Après Keichi Tahara et Raymond Depardon, qui ont porté leur regard sur les églises baroques et la nature, je scrute les gens et la mémoire.


 Rafael Pic
15.05.2002