William Orpen, le plus cher des IrlandaisLors de sa vente londonienne, Sotheby's propose un important tableau de l'artiste qui pourrait atteindre 1,2 millions £.
| William Orpen, Intérieur à
Clonsilla avec Madame St George
Estimation : 800 / 1 200 000 £ |
1908. Une femme élégante repose, alanguie, dans une large chaise longue victorienne garnie de coussins, observant le peintre du coin de l’œil. L’Intérieur à Clonsilla avec Madame St George de Sir William Orpen (1878-1931) se place dans la plus pure tradition du portrait replaçant le modèle dans son «milieu» pour mieux en exprimer le caractère et la fonction sociale. Fille d’un important banquier new-yorkais, Evelyn St George est l’épouse d’un agent territorial irlandais. Mais, surtout, c’est une femme qui rejette les conventions et se passionne pour l’art. Elle est représentée dans sa chambre, sa pièce favorite dans la maison du quartier de Phoenix Park, à Dublin, où le couple emménage en 1905. C’est là qu’elle reçoit, ce qui suscite les remarques de ses détracteurs. C’est également là qu’elle réunit ses œuvres favorites. Derrière elle se déploie, monumental, un lit dont les guirlandes et les médaillons ont été peints par Angelica Kaufmann. On distingue aussi, le Danseur espagnol, une toile qu’elle a acquis un an auparavant à la Royal Hibernian Academy, et, à sa droite, le Gardenia, un portrait de sa fille, également par Orpen. En plus de souligner le rôle de mécène du modèle, cette seconde toile constitue une clef dans la compréhension de ce tableau.
| Willam Orpen, Lettre illustrée
par la chambre de Madame St
George à Clonsilla
Estimation : 12 / 15 000 € |
Evelyn St George rencontre William Orpen en 1907. Une véritable passion se noue entre eux, qui n’est sans doute pas étrangère à l’évolution que connaît alors la carrière du peintre âgé d’une trentaine d’années. La collectionneuse est en effet au premier rang pour lui passer des commandes, l’inciter à diversifier son répertoire ou inventer des exercices d’habileté, comme celui de peindre un portrait de femme portant un bracelet en jade, sans avoir recours aux couleurs primaires. En plus de ce tableau estimé entre 800 000 et 1 200 000 livres, Sotheby’s propose aujourd’hui, dans le cadre de sa vente irlandaise, un ensemble d’une quarantaine de lettres adressées par William Orpen à son modèle, entre 1908 et 1912. Ces lettres richement illustrées et jamais publiées viennent enrichir la connaissance de cette relation, exprimant avec humour leur complicité ou son désespoir de la savoir repartie vers ses obligations conjugales… Sur deux d’entre elles, on retrouve l’intérieur familier d’Evelyn, ce lit devant lequel son fils Alcibiadies est accroupi ou lève les bras vers la figure volante et surnaturelle de William Orpen. La présence de ces documents intimes contribuera peut-être à faire monter la cote de celui qui détient déjà le record du tableau irlandais le plus cher. D’autant plus que ce record a été établi le 18 mai dernier lors de la même vente thématique de Sotheby’s par le Portrait de Gardenia St Georges avec une cravache, une toile vendue à 1,8 millions de livres, une enchère plus de quatre fois supérieure à son estimation initiale.
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