Art ou nature ?L'Orangerie du Sénat accueille une rétrospective réussie sur le dialogue des artistes modernes avec la nature.
| Oeuvre de Sanhes
© Photo: Françoise Monnin |
Enfin ! C'est la première fois qu'Artsénat, la manifestation d'art contemporain créée en 2000 par les affaires culturelles du Sénat, tient la route, en matière de scénographie. Il faut dire que le lieu où elle se déroule, l'Orangerie, dans le jardin du Luxembourg, n'est pas facile à investir. Tant de verrières, de passerelles, de mètres sous plafond centenaires ! Sans parler du sol couvert de graviers, des restes d'arbres en espaliers, des consignes de sécurité… Le critique d'art Alin Avila, commissaire d'Artsénat 2002, a relevé le défi, en réunissant autour du thème «Art ou Nature ?» les œuvres de 31 artistes. Aucun élément du décor ne vise à dissimuler la splendeur initiale du lieu. Rien que de larges planches de bois brut, pour dresser quelques palissades, dessiner des chemins, servir de socle aux œuvres qui le nécessitent.
Dans une lumière naturelle formidable, on déambule dans l'Orangerie parmi les toiles, les photographies, les sculptures et les installations avec délice. De manière pédagogique mais pas ennuyeuse, les œuvres présentées racontent le dialogue, depuis 1950, des artistes avec la notion de nature. Il y a d'abord les peintres abstraits, comme Vieira Da Silva, Debré ou Duvillier. Puis, l'aventure du Land Art, illustrée par les photographies d'installations en feuilles ou en pierres de Nils Udo et de Goldsworthy. Certes, il ne s'agit pas de chefs-d'œuvre, mais de repères. Il manque ici bon nombre de Rothko, de Zao Wou Ki, de Robert Smithson ou de Penone, que le budget d'Artsénat (152 500 euros) n'a pas permis de présenter.
La partie la plus intéressante de l'exposition est sans conteste celle qui a été constituée à partir de commandes, passées à des créateurs d'aujourd?hui. Ainsi le peintre Ziegler, par exemple, a brossé deux arbres, haut de sept mètres, et son collègue Fagniez a dessiné une frise longue de… quarante mètres ! Deux autres peintres méconnus, Lévesque et Tranchant, ont aligné des motifs réussis, de natures mortes aux tons vifs pour le premier et de vieilles bagnoles vert pomme ou rouge cerise pour le second. A l'extérieur de l'Orangerie, dans le Jardin, des œuvres monumentales dérangent les habitudes des promeneurs. La plus réussie est sans conteste une énorme étoile, en verre rouge, signée Christine Cannetti, installée sous trois vieux arbres. Un grand moment de poésie!
| Françoise Monnin 18.05.2002 |
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