L’Europe se met au code-barreUne tentative de rajeunissement pourrait transformer le logo de l’Union européenne en étiquette de supermarché…
| © Rem Koolhaas |
L’actuel logo de l’Union européenne date de 1986. Il représente douze étoiles jaunes sur un fond bleu. Si l’on avait choisi de représenter chaque Etat-membre par une étoile, on aurait compris l’initiative du président de la Commission, Romano Prodi, pour faire face à l’élargissement périodique de l’institution. Mais les douze étoiles, qui dessinent un cercle, sont intangibles : elles sont douze comme les heures du jour… En demandant à l’architecte Rem Koolhaas de réfléchir à une nouvelle image «corporate» (comme l’on dit dans les milieux initiés), il s’agissait simplement de faire œuvre de modernisation. A croire que les créations de nos contemporains souffrent d’une implacable obsolescence. La fleur de lys, l’aigle à deux têtes ou la faucille et le marteau n’ont pas eu à être relookés pour «tenir la distance»…
Fidèle en cela à sa réputation de trublion, Rem Koolhaas a imaginé pour l’organisation transnationale un code-barre. A l’heure des débats enflammés sur la mondialisation et sur l’exception culturelle et alors que le souvenir de scandales sur le conflits d’intérêt est encore cuisant à la Commission (que l’on pense à Edith Cresson ou à Martin Bangemann, le commissaire à la concurrence, parti au lendemain de son mandat chez Telefonica, le géant espagnol des télécommunications), on comprend que l’initiative ait surpris. The Independent à Londres se permet un beau jeu de mots : «Goodbye stars, hello stripes» («Adieu les étoiles, bonjour les bandes»). L’approche de Koolhaas – regrouper toutes les couleurs qui figurent sur les drapeaux des pays membres – semble singer le principe des anneaux olympiques. Mais les regrouper en code-barre est une trouvaille de génie. Elle devrait lui valoir une célébrité que ses édifices ne lui procurent pas avec la même efficacité. Devant les critiques ironiques qui fusent depuis que le dessin a été publié en fin de semaine dernière, la Commission s’est retranchée derrière une prudente dénégation : nul n’a l’intention de changer le drapeau de l’Europe…
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