Artension renaît de ses cendresLa reparution de la revue iconoclaste est une agréable surprise.
Comme pour Life, il faudra distinguer plusieurs périodes dans la vie d'Artension. Celle qui s'ouvre aujourd'hui est la seconde… ou la deuxième selon qu'elle sera suivie ou non d'une autre. Dans sa vie antérieure (1987-1992), Artension était un magazine sans complaisance, qui aimait se démarquer des choix tout faits. Qu'en sera-t-il désormais ? « Nous partons avec le même esprit, prévient Pierre Souchaud, directeur de la rédaction. Nous sommes bien sûr centrés sur l'art contemporain mais nous occuperons un créneau précis, entre un art vulgaire et commercial et une espèce d'officialité qui recueille les faveurs médiatiques et bénéficie des dispositifs d'aide à la création.»
Chaque numéro est composé d'une dizaine de dossiers, autour d'un entretien consistant. Dans le premier, récemment sorti en kiosque, c'est Alain Matarasso, fondateur de la galerie du Centre, qui est ausculté sur le rôle du Comité des galeries d'art ou sur la jeune création. Alors que Dubuffet triomphe à Beaubourg, Artension se penche sur un art brut moins médiatisé, réuni par un passionné dans son musée de l'Art brut en Manche, à Hauterives, patrie du facteur Cheval. Plusieurs artistes bénéficient ensuite de brèves présentations, une double page chacun. On voit défiler Stani Nitkowski et ses dessins - du Ronald Searle sanglant -, Dominique Goffiginier et ses tâches de Rohrschach en couleurs, Florent Chopin et ses petits théâtres-collages aussi pleins que des grandes complications d'horlogers suisses. Des œuvres où l'on puise la matière à pleines mains. Le conceptuel au prochain numéro ? Ou jamais, peut-être…
En ce qui concerne les équilibres financiers, Pierre Souchaud est encore circonspect. « Nous tirons 10 000 exemplaires, contre 30 000 pour la première formule. Le prix est de 30 F pour 68 pages. Nous tiendrons avec 3 000 abonnés. J'ai bon espoir : nous en avons déjà 500. » On annonce un thème croustillant à venir, que l'on nous assure fort critique : Pierre Bourdieu et l'art contemporain. Impossible d'éviter l'omniprésent professeur…
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