Dakar, centre de la création africaineLa biennale Dak'Art 2002 réunit, pour un mois, une soixantaine d'artistes internationaux.
DAKAR, 11 mai (AFP) - Des oeuvres d'art, belles, folles, inattendues, audacieuses ou provocantes, s'offrent au regard des visiteurs de l'exposition internationale qui a officiellement ouvert vendredi la 5ème édition de la biennale internationale d'art contemporain de Dakar (Dak'Art). Le ton est donné dès l'entrée du pavillon de cette exposition, l'une des manifestations de Dak'Art 2002, dont la sélection officielle est composée d'oeuvres de 44 artistes internationaux et de 14 designers africains, selon les organisateurs. Deux couloirs d'aéroport, construits en planches de bois recouvertes d'un fin tissu blanc, indiquent aux visiteurs quels passagers sont autorisés à les emprunter. "Citoyens américains et européens seulement", indique le premier, au parcours semé de fleurs rouges. Le second, réservé aux "Autres", est jonché de tessons de bouteilles confectionnés en métal et d'autres débris. A l'intérieur du pavillon, des attelages hétéroclites, ayant tous en commun un parapluie noir perché sur leur sommet, sont éparpillés dans le dédale des allées. Ce sont les "Sculptures ambulantes", alliant entre autres accessoires, bougies et miroirs ou cuirs et petits verres à thé, du marocain Faouzi Laatiris, lauréat de Dak'Art 2002 pour le prix de l'Agence intergouvernementale de la Francophonie. Presqu'au centre de l'espace, un moulage en terre représentant un homme pendu par le dos est entouré d'autres hommes sans tête, faits de fils de fer enrobés de plastique transparent. "Ecoutez-moi et tout ira bien", signé de l'Algérien Mouhamed Ounouh. Se fondant de timidité dans le décor, le Sénégalais Ibrahima Niang "Piniang" préfère accrocher sur le blanc des murs "(sa) peinture, (son) cri". "Ma peinture est totalement différente de ma personnalité physique. C'est avec la peinture que je sors ce qui est en moi", confie le grand jeune homme de 26 ans, formé à l'école nationale des Arts de Dakar. Piniang, dont deux tableaux ont été sélectionnés pour l'exposition internationale, participe pour la première fois à cette biennale. "C'est difficile pour les jeunes peintres d'accéder à un niveau international, surtout dans nos pays où on est confronté à un public non connaisseur et où les galeristes ont leurs cibles", regrette-t-il. "Pour qu'un peintre puisse se démarquer, il faut qu'il se serre la ceinture", ajoute Piniang.
S'il est long pour les artistes qui commencent, le chemin est court à Dak'Art et peut mener les pas du public vers Ndary Lô, également lauréat de la 5ème édition de la biennale (Grand prix Léopold Sédar Senghor). Un peu plus loin, au fond du pavillon, Ndary Lô est là avec "La longue marche du changement". Ses personnages longs, filiformes, se suivent, en rangs serrés. Ils ont l'air d'onduler avec, sous leurs pieds, une mer de sandales en plastique, vertes ou bleues, toutes usées. Dans la foule des visiteurs, Ousmane Sow est trahi par son physique: une grande taille et de larges épaules que surmontent une barbe et des cheveux blancs tranchant sur le noir du teint. Pour une photo, une salutation, quelques mots gentils, on se dirige vers le kinésithérapeuthe devenu sculpteur. "C'est normal, c'est le plus célèbre des plasticiens sénégalais, je crois", avance Aurélie, une jeune Française, qui ajoute dans un sourire: "J'aime bien ce qu'il fait. J'ai vu son exposition sur le Pont des Arts", à Paris, en 1999. Cette exposition "a eu un retentissement mondial et a attiré plus de trois millions de visiteurs", avait indiqué quelques minutes plus tôt, dans son discours d'ouverture, Marie-José Crespin, présidente du Conseil scientifique de la Biennale et surtout "amateur d'art".
Par Coumba SYLLA
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