Tour Hermès à Tokyo, © Philippe Denance
| | Renzo Piano installe Hermès dans le paysage japonaisA Tokyo, dans le quartier de Ginza, l'architecte vient de signer une tour de verre pour la marque française
Dans ce quartier très prisé de la ville, le nouveau siège du grand couturier français se serre contre le Sony Building. Il faut dire que le foncier explose dans cette zone du monde, le mètre carré de terrain pouvant dépasser le million de francs. La foule qui traverse le quartier aux heures de pointe est habituée à la saturation visuelle de l’architecture. C’est pourquoi Renzo Piano a souhaité construire une lanterne de verre, translucide le jour et magique la nuit. En citation de la Maison de Verre réalisée par Pierre Chareau en 1931 à Paris, il met en œuvre des pavés de verre sur l’ensemble des façades qui parent son édifice. Douze étage, dont cinq de boutique, deux de musées, deux de bureaux et l’attique aménagée en espace événementiel, transfigurent le quartier. Jeu de transparences, variations lumineuses, ambiance contrastée entre extérieur bruyant et intérieur feutré.
L’apparente simplicité de l’édifice cache une hyper technicité de structure et d’enveloppe. L’ossature est faite en acier et reçoit des planchers en bacs-acier et béton, pour répondre aux risques sismiques. À l’arrière, un véritable château fort forme l’élément structurant de l’ensemble. Chaque poteau est relié au sol par une pièce métallique, rotule qui peut absorber les oscillations et les étirements verticaux. Le squelette de la façade est totalement articulé, en tête et pied, et la peau de verre entièrement suspendue, seulement connectée par des fixations à chaque nez de dalle. Bien entendu, les fondations sont conséquentes, caisson de béton ultra-armé de 2,5 mètres d’épaisseur. En réaction à d’éventuels mouvements, le bâtiment réagira de manière élastique, mais restera solidement ancré dans le sol.
Pour le matériau de façade, Piano a fait réaliser spécialement des carreaux de verre en Italie. Leur assemblage s’est effectué en Suisse, à l’aide d’un joint spécial à base de fibres de verre recouverte de silicone coupe-feu, au lieu du traditionnel joint en ciment. La mise en œuvre in situ s’est faite par panneaux pré-assemblés de neuf éléments, soit une hauteur d’étage. Une expérience, selon les termes de l’architecte « en équilibre entre l’art et la science, aux confins de l’invention et de la mémoire en suspend entre le courage de la modernité et la prudence de la tradition ». Une démarche toute japonaise, dans sa simplicité apparente et la noblesse de l’image qu’elle traduit. Une lanterne brillante vers laquelle se précipitent les tokyoïtes, tels des papillons, à la recherche d'un raffinement extrême.
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