L’entrée en gloire du musée FeschLe musée d’Ajaccio propose une exposition bilan sur les grands décors romains du 17e siècle. Exploration des coupoles tourbillonnantes de Lanfranco, des envolées de Pozzo et des apothéoses de Vouet.
| Giovanni Battista Gaulli dit "le
Baciccio",
Allégorie de la Tempérance
Huile sur toile, 0,65 x 0,49 m
Décor de destination : pendentif
de la coupole de l'église
Sainte-Agnès, Rome
© Rome, collection Lemme |
Parmi les 16 000 tableaux collectionnés par le cardinal Fesh se trouve une importante sélection de peintures baroques, romaines et napolitaines, représentatives des créations du 17e siècle. La vague artistique qui succède au Concile de Trente et à la période maniériste se manifeste par des commandes de décors gigantesques, principalement destinés à des palais urbains et à des bâtiments religieux. Considérée comme capitale des arts, Rome se voit envahie par des artistes du monde entier en quête d’inspiration. Des sites comme le palais Barberini, le Gesù et le palais Farnèse deviennent autant de lieux de formation. Si l’on considère que la Divine Providence de Pierre de Cortone pour le palais Barberini marque le début du baroque en Italie, des artistes comme Baciccio, Pozzo ou Maratta lui ont donné ses lettres de noblesse. L’exposition du musée Fesh est le résultat de recherches récentes sur une période considérée comme l’une des plus riches de l’art italien. «Depuis quelques années déjà, le 17e siècle est au cœur des débats : Le Seicento (Paris, 1988), Escales du baroque(Marseille, 1988), Settecento(Lyon/Lille, 2000/2001). Nombreux historiens d’art ont participé à la réalisation de cette exposition-bilan : Arnauld Brejon De Lavergnée, directeur du Palais des beaux-arts de Lille, Lorenza Mocchi-Onori, directrice de la Galerie nationale d’art ancien du Palais Barberini, Kristina Hermann Fiore, directrice de la Galerie nationale de la villa Borghèse et bien d’autres. Nous dédions ce travail au collectionneur et grand spécialiste du baroque, Maurizio Fagiolo dell’Arco, décédé récemment» explique Jean-Marc Olivesi, conservateur du musée.
| Francesco Solimena,
Sainte Catherine d'Alexandrie
et l'ange, huile sur toile, 47 x 55 cm
Décor de destination : église des
Saints-Apôtres, Naples
© Strasbourg, Musée des beaux-arts |
L’exposition explore différents thèmes. Les grands décors comme la Galerie des amours des dieux au Palais Farnèse, abordée sous l’angle des dessins préparatoires des Carrache, la voûte du Salon Barberini et les « modelli » de Pierre de Cortone, Andrea Sacchi et Ciro Ferri ou encore l’église du Gesù illustrée par un ensemble de « bozzetti » de Giambattista Gaulli, donnent un aperçu du travail nécessaire à l’élaboration des effets de trompe-l’œil. Une salle consacrée à la peinture napolitaine permet de découvrir deux allégories de Luca Giordano pour la galerie du palais Médicis-Riccardi de Florence, prêtées par un collectionneur particulier, les Sibylles de Sebastiano Conca, et Le départ de Rebecca de Francesco Solimena, appartenant tous deux au musée Fesch. Si la salle consacrée à Corrado Giaquinto expose essentiellement des toiles provenant de musées corses, la présentation de Carlo Maratta et de ses élèves relève surtout de collections italiennes (Palais Altieri, Palais Barberini, collection Fabrizio Lemme). «Nous possédons des pièces importantes comme cet Autoportrait de Pierre de Cortone, découvert il y a trois ans environ. Notre collection de tableaux de Giambattista Gaulli dit «Il Baciccio» est considérée comme le plus bel ensemble en France. Parmi les plus belles pièces, l’Apothéose de Saint Pierre pour un décor inconnu ou encore un projet de fresque pour le Gesù dont la réalisation avait été finalement confiée à Andrea Carlone. Sur les 140 œuvres présentées, 30 sont issues du musée Fesch». Alors que Louis XIV avait voulu ravir la primauté artistique à l’Italie, en invitant des artistes comme Le Bernin (1665), le musée Fesch rend aujourd’hui hommage à une époque faste et imaginative.
| Stéphanie Magalhaes 23.05.2002 |
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