Accueil > Le Quotidien des Arts > Un Parisien en Bretagne

Livres, CD, DVD

Henry de Waroquier
© Somogy Éditions d'art
Paris, 2000

Un Parisien en Bretagne

Les vignettes d’Henry de Waroquier dépeignent la région avec lyrisme.

Riche de plus de 15 000 dessins, le musée des Années 30 co-édite une nouvelle série d’ouvrages destinés à faire connaître cet important fonds d’art graphique. Le premier livre de cette collection met à l’honneur l’oeuvre de Henry de Waroquier (1881-1970). « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas l’art c’est la vie. C’est parce que j’aime la vie que j’ai voulu l’appréhender. N’ai-je pas hésité dans ma jeunesse, entre la biologie et l’art » ? Cette citation résume la carrière de cet artiste qui chercha dans l’infini des horizons bretons des réponses à ses interrogations sur la place de l’homme dans l’univers. L’ouvrage, publié à l’occasion de l’exposition du musée des années trente, Henry de Waroquier – Images de Bretagne (octobre 2000) permet de découvrir le versant intimiste de ce grand décorateur à qui l’on doit La Tragédie (1937) au Palais de Chaillot. L’introduction, rédigée par Michèle Lefrançois, conservateur du musée, retrace l’itinéraire de cet artiste depuis sa formation parisienne dans les années 1880 jusqu’à ses expériences graphiques personnelles à la fin de sa vie. Le format, la qualité du papier et la mise en page des planches dessinées contribuent à donner à l’ouvrage l’aspect d’un carnet de voyage, celui de ses séjours en Bretagne de 1901 à 1910.

Déambulations sur papier
On peut se contenter de feuilleter les croquis, et ainsi de voyager sur les côtes bretonnes du port Goulphar à l’Île-aux-Moines, ou encore de rechercher dans le texte introductif des informations relatives à ses influences. Le lecteur découvre alors que sa Nature morte de 1909 n’est autre qu’un hommage à l’art oriental qui ne cesse d’intéresser les artistes depuis la fin du XIXe siècle. De la même manière, ne peut-on pas interpréter ces Effets de nuages en lavis d’aquarelle et ses paysages aux contours cernés comme autant de références à l’art des maîtres japonais ? Au spectacle des bords de mer paisibles s’oppose la violence des Effets de vagues. La sélection des œuvres publiées donne un aperçu de la diversité des techniques utilisées par l’artiste : lavis d’encre sur papier vélin, pastel gras sur papier calque, aquarelle sur papier vergé, gouache sur papier japonais. Les formats horizontaux constituent une part importante de sa période bretonne. Un système de pages dépliantes permet de visualiser ces longues étendues de terre se fondant dans la mer. Riche de l’enseignement de Gauguin, Émile Bernard ou Paul Sérusier, Henry de Waroquier reste proche de son époque. Qui pourrait soupçonner que l’auteur de ces croquis a participé aux événements de 1968 en réalisant des masques avec le bitume du boulevard Saint-Michel ?


 Stéphanie Magalhaes
04.07.2002