Rennes-le-Château et ses trésorsUne équipe d'archéologues entend bien mettre fin à un siècle de mystères…
RENNES-LE-CHATEAU (Aude), 12 mai (AFP) - Entretenue depuis un bon siècle à grands coups de révélations plus souvent farfelues que scientifiques, la chasse au fameux trésor de Rennes-le-Château touche peut-être à sa fin. Car d'ici quelques mois, une équipe prestigieuse d'archéologues espère enfin déterrer la clé des mystères qui agitent le petit village audois. Ce énième rebondissement de "l'affaire du trésor", réel ou supposé, attribué au curé qui a tenu la paroisse de Rennes-le-Château à la toute fin du XIXème siècle, est arrivé il y a un peu plus d'un an des Etats-Unis. Un de ces courriers péremptoires qui affirment détenir les secrets de la fortune de l'abbé Béranger Saunière, comme le maire en reçoit de nombreux tous les ans. "Un citoyen américain m'y écrivait qu'un de ses aïeuls avait aidé l'abbé à enterrer des "objets" et une "boîte dans les sous-sols de la tour Magdala", se souvient Jean-François Lhuillet. "Au début, je me suis dit que c'était un farfelu de plus. Je m'étais trompé..." Car quelques mois plus tard, c'est une imposante escouade conduite par un spécialiste de l'histoire des civilisations chrétiennes de l'université d'Etat de Californie à Long Beach, le professeur Robert Eisenman, qui investit le village avec instruments, bagages et la ferme intention de sonder le sous-sol de l'église et de la tour érigée par l'abbé Saunière. Leurs espoirs sont comblés. Grâce à une échographie radar, ils y détectent deux "anomalies", selon le compte-rendu du professeur Eisenman. L'une "de forme parallélépipédique" sous la tour, l'autre "qui pourrait être une cavité façonnée par l'homme" sous la crypte de l'église. D'autres sondages, réalisés en mars dernier avec des instruments plus précis, confirment ces résultats.
De quoi enflammer l'imagination à fleur de peau des radiesthésistes et manieurs de "poêles à frire" de tous poils qui hantent en permanence les rues de Rennes-le-Château et ont eu vite fait de voir en ces "anomalies" la preuve de l'existence du fameux butin de l'abbé Saunière. L'équipe du professeur Eisenman soupçonne plutôt la crypte de l'église d'abriter des preuves de "la christianisation précoce du site", voire de la présence d'un "sanctuaire antérieur à l'ère chrétienne". Et a donc sollicité l'autorisation de fouiller le site. A la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), Pierre-Arnaud de la Briffe a accueilli la demande avec circonspection. "Ces anomalies n'ont rien d'exceptionnel", estime-t-il. "Il est vraisemblable que ce type de sous-sol abrite des tombes ou des sarcophages. Il est aussi possible qu'elles ne soient que l'écho de substrats archéologiques", poursuit M. de la Briffe. "En clair, les mystères de Rennes-le-Château sont encore loin d'être éclaircis". Si d'éventuelles fouilles ne devraient pas débuter avant des mois, le maire de Rennes-le-Château, lui, se frotte déjà les mains. Trop content d'avoir trouvé une caution scientifique à la guerre qu'il mène depuis 1998 pour nettoyer son village, qui accueille chaque année 80.000 visiteurs, des "allumés" et autres "sectaires" qui s'y rejoignent. "Ces recherches vont m'aider à remettre de l'ordre et à faire prospérer notre patrimoine historique", se réjouit l'ancien colonel parachutiste, dont la commune a investi près d'un million d'euros pour aménager le site. "L'or de ce site, c'est son patrimoine exceptionnel, pas celui d'un prétendu trésor", poursuit M. Lhuillet. "Butin ou pas, les touristes continueront à venir". L'an dernier, ils ont versé plus de 85.000 euros dans les caisses de sa commune.
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