Constructivo en gris y negro con centro rojo, Joaquin Torres-García, 1933
huile sur toile, 76,2 x 50,2 cm
© ADAGP
Hans Hartung par Denise Colomb, 1954
Bromure d'argent, 34 x 29,5 cm
| | Les années parisiennes de Vieira da SilvaL'époque française de l'artiste est évoquée dans une exposition qui réunit Hartung, Manessier, Dubuffet.
Hans Hartung se prépare à allumer une cigarette tout en observant une toile sur la table. Près de lui, Hans Arp, décontracté, s’appuie sur l’une de ses sculptures. D’autres artistes sont exposés dans la salle, tous issus de l’objectif de Denise Colomb. L’un de ceux-ci, qui s’écrit au féminin, est particulièrement familier au public portugais : celui de Vieira da Silva. C’est dans la fondation qui porte son nom et celui de son mari Arpad Szenes que sont réunies ces photographies et les peintures d’un groupe très particulier d’artistes. Dans cette exposition qui célèbre la mémoire, le rôle de la collection Berardo, déposée au musée d’Art moderne de Sintra, a été essentiel pour montrer ce qu’était l’art à Paris à l’époque où Vieira da Silva en était l’un des exposants.
Avant l’art, il vaut la peine d’observer les hommes. C’est l’objet de l’accrochage, dans la première salle, des clichés de Denise Colomb, pris après la Seconde Guerre mondiale. À côté de leurs œuvres, le pinceau à la main ou dans une attitude de recueillement, voici, dans une pause, avant ou après l’acte créatif, Bram Van Velde ou Roger Bissière. Chronologiquement, cependant, l’exposition commence avec les années trente et une œuvre de Joaquin Torres-Garcia, un artiste d’origine uruguayenne avec lequel Vieira da Silva entretint une correspondance. Dans cette huile lourde d’éléments figuratifs, le dessin d’enfant et le cubisme se mêlent harmonieusement. À côté de lui, Otto Freundlich, dont la peinture, fondée sur des effets d’optique et de modulation des couleurs, annonce l’op art. Mais aussi Mark Tobey (Space Winfow), seul représentant de l’Amérique du Nord, Hans Arp (Feuilles placées selon les lois du hasard) ou le fondateur d’Abstraction-Création, Auguste Herbin avec une Composition qui rappelle curieusement l’abstraction lyrique portugaise.
Dans la salle suivante, se trouvent les œuvres de l’après-guerre, appartenant à la seconde École de Paris. C’est le cas d’Alfred Manessier avec Sous le pont et de Roger Bissière avec La Fête à Neuilly, deux artistes qui surent emmener l’abstraction sur des chemins moins dépendants du cubisme. On y trouve également les Russes de Paris, Nicolas de Staël et Serge Poliakoff, ainsi que Hans Hartung et Germaine Richier avec qui collabora Vieira da Silva (Le Grand Mantes, sculpture anthopomorphe). Le passage à l’art informel se fait par l’intermédiaire du geste de Hartung ou de Riopelle, qui s’approche des techniques chères à l’action painting comme le dripping. Henri Michaux suit un itinéraire plus proche de la poésie et de la calligraphie. Jean Dubuffet, qui a importé dans le monde de la peinture l’art brut, a beauoup marqué Vieira da Silva. Il est ici présent avec deux œuvres d’époque distincte, la peinture Paysage aux arbustes et la sculpture Borne aux Logos. Etienne-Martin et Soulages ferment la marche dans une exposition qui emprunte certains des chemins les plus féconds de l’art du 20e siècle.
| José Marmeleira (artlink.pt) 31.05.2002 |
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