Georges Michel
Vue de Paris depuis Montmartre,
huile sur toile, 53 x 63 cm
© Galerie Normand
Charles-Marie Bouton,
Saint Louis au tombeau de sa
mère, esquisse pour le tableau
du Salon de 1819,
huile sur toile, 33 x 17 cm
© Galerie Lestranger
| | Les nouvelles recrues du CarréLes galeries Normand et Lestranger, spécialistes du 19e siècle, ont rallié le quartier l’hiver dernier…
Des cinq nouvelles galeries à avoir rejoint le Carré Rive Gauche cette année, deux sont spécialisées dans les tableaux et les dessins du 19e siècle. La galerie Normand a été fondée par Thierry et Laure Normand au mois de novembre dernier. C’est tout naturellement que ce couple de collectionneurs qui habitait dans le quartier a opté pour le 35, rue de Lille, bien décidé à faire redécouvrir des paysagistes trop mal représentés sur le marché. En attendant une présentation monographique consacrée à Théodore Rousseau, au mois d’octobre prochain, ils proposent un tableau de Georges Michel (1763-1843), tiré de leur exposition inaugurale, «Lumières et paysages». La Vue de Paris depuis Montmartre, mise en vente pour 30 000 euros, est très caractéristique de ce qu’Alfred Sensier désigne en 1873 comme la troisième manière de l’artiste dans son «Étude sur Georges Michel». Elle en a la facture empâtée et âpre, l’opposition entre des nuages menaçants et une lumière qui semble émaner du sol. Derrière cette œuvre resurgit tout un monde. On imagine aisément l’artiste, dans les années 1830, installé à la fenêtre de son appartement montmartrois et profitant de la noirceur du ciel pour abandonner la vue septentrionale au profit de la méridionale, d’où un panorama purement parisien – on distingue au loin les dômes des Invalides, de l’Institut et du Panthéon – qui contraste avec l’habituelle vue de la Plaine-Saint-Denis alors en pleine mutation industrielle.
Le parcours de Catherine Binda-Sterling, la fondatrice de la galerie Lestranger, est très différent. Après avoir travaillé pendant près de trente-cinq années comme restauratrice spécialiste des tableaux primitifs, la fille de l’historien d’art Charles Sterling a ouvert, en 1995, une galerie dans un ancien couvent du 18e siècle, situé à Saint-Rémy-de-Provence. L’ampleur prise par ses dernières expositions, comme «Le rêve de l’antique» réunissant une centaine de numéros, l’a incitée à chercher un nouvel espace. D’où l’ouverture, en décembre dernier, d’une seconde galerie, au 38, rue de l’Université, dans des locaux réaménagés selon un goût néo-classique. La grande exposition inaugurale de la galerie, «Première pensée, tableaux et dessins préparatoires 1550-1850», se tiendra du 18 septembre au 12 octobre prochain. En attendant, elle présente au Carré un accrochage d’une vingtaine d’huiles et de dessins consacrés à sa période de prédilection, les années 1750-1820. Parmi ceux-ci figurent deux petits tondi de Jean-Victor Bertin (1767-1842), des paysages historiques italiens sur papier marouflé, un Autoportrait dans l’atelier d’Adolphe-Felix Cals (1810-1880) peint peu de temps avant qu’il ne rencontre le comte Doria qui devait devenir son mécène, ou une curiosité, le premier tableau connu de François-Marius Granet (1775-1849). Ce Paysage animé de moines a été peint par le jeune homme alors âgé d’une quinzaine d’années et élève dans l’atelier de Constantin à Aix-en-Provence. Cette petite huile est d’ailleurs directement inspirée d’un dessin à la plume de son maître, également proposé par la galerie.
|