Paris vire au designJusqu'à dimanche, une trentaine de grandes enseignes du genre participent aux Designer's Days, qui rencontrent un succès croissant. Paris est-il mûr pour son musée du design ?
| Boffi
© Designer's Days |
Paris capitale du design ? Instinctivement, on attribuerait plutôt le titre à Milan ou à Londres. Mais un bouquet d’initiatives récentes définit un marché plus nerveux, plus musclé : l’exposition des écoles européennes au Carrousel du Louvre ; le nouveau salon sur le design du 20e siècle, monté par Rick Gadella (Paris Photo) qui sera inauguré dans quelques jours, dans le même espace ; les discussions récurrentes sur l’ouverture d’un véritable musée du design, pour lequel on évoque le bâtiment du musée des arts africains et océaniens, bientôt vidé de ses collections… Les Designer's Days participent de cette prise de conscience. Organisés depuis trois ans, ils se sont appelés Itinéraire Rive gauche du design en 1999 et 2000. Depuis 2001, ils bénéficient d’une nouvelle appellation, qui leur convient mieux puisque la manifestation a désormais franchi la Seine.
| Artelano
© Designer's Days |
«Il a existé à Paris dans les années quatre-vingt un Designer’s Saturday, explique Alain Lardet, de Poltrona Frau. Les Designer’s Days en sont les héritiers. Depuis cette année, nous avons constitué une association, que je préside, qui facilite nos rapports avec nos partenaires institutionnels comme la Mairie de Paris ou le Centre Pompidou. Le bureau choisit les participants, qui sont au nombre de vingt-sept cette année, outre l’école Camondo. Ce sont des commerçants, au sens noble du terme, mais la manifestation est essentiellement culturelle. Il s’agit de présenter, d’autre façon que pendant le reste de l’année et avec une scénographie spécifique, un objet, le parcours d’un créateur ou une nouvelle ligne de produits.» Baccarat, une société peu suspecte d’innovation à outrance, a été sélectionnée pour son travail avec Ettore Sottsass. Artelano présente un choix de quinze années de travail de Pascal Mourgue et Olivier Gagnère. Chez plusieurs exposants, ce sont les nouveautés du Salon de Milan qui sont mises en exergue (Cassina, Kartell, Maxalto ou Molteni). Fritz Hansen revient sur un personnage-clé, Arne Jacobsen. Knoll fait de même avec Eero Saarinen.
Les Français ont-ils su se faire une place dans un monde longtemps accaparé par leurs cousins transalpins ? «Tout en étant l’ambassadeur d’une société italienne en France, je pense que les Italiens dominent de moins en moins le marché. On remarque que les grandes sociétés italiennes font de plus appel aux créateurs français. Derrière Starck, qui a eu un rôle défricheur, il y a désormais beaucoup de monde. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une «French touch» car les travaux de ces designers ne se ressemblent pas. Mais ils ont su s’internationaliser, acquérir une culture technologique et ne plus raisonner uniquement en termes d’arts décoratifs. Le rôle des écoles, comme Camondo ou l’ENSI, a été essentiel dans leurs formation.» A vérifier sur pièces, jusqu’à dimanche, avec Christophe Pillet, Patrick Norguet, Christian Biecher ou Sylvain Dubuisson.
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