Coup de vert sur les monuments

Contrairement aux Journées du Patrimoine qui ne laissent aux visiteurs que deux jours pour découvrir les plus prestigieux monuments nationaux, Monum vert a été conçu pour une durée plus longue. Pendant un mois ou plus, les châteaux, abbayes ou domaines seront ouverts au public et participeront activement à une sensibilisation envers le patrimoine naturel national. Depuis les années 1990, le ministère de la Culture et de la Communication s’investit d’une nouvelle mission : protéger et restaurer les quelques dix mille espaces verts présents sur le territoire. Si deux lois sur les monuments historiques et les sites (31 décembre 1913 et 2 mai 1930) ne prenaient en compte que certaines parties des compositions naturelles, la création, en 1994, d’une section parcs et jardins a permis d’en classer plus de 1500. Les restaurations se font plus nombreuses : les terrasses de Saint-Germain-en-Laye ou le parc de Serre de la Madone à Menton.

Alors que les fêtes des plantes se multiplient, que les jardins du Palais-Royal se veulent aujourd’hui un lieu d’accueil très prisé pour des sculptures contemporaines et que des expositions abordent régulièrement ce thème (Fabuleux jardins, Le Style Duchêne au Trianon de Bagatelle), le Centre des monuments nationaux instaure une manifestation officielle. Répartis sur toute la France, les monuments sélectionnés offrent un large éventail des différents types de conception, du jardin médiéval au jardin expérimental. Les visiteurs du Mont-Saint-Michel auront l’opportunité de pénétrer dans le jardin gothique exceptionnellement ouvert et les habitants de la région Centre de découvrir le verger conservatoire du château de Talcy. Les faucons crécerelles des tours de Notre-Dame et les chauves souris de l’abbaye de Jumièges participent à l'évènement dans des séances d'observations ponctuelles. Les amateurs d’activités manuelles pourront se lancer dans la conception de compositions florales ou participer à la réalisation d’un herbier au domaine de George Sand à Nohant.

Les 260 jardiniers de l’Etat se font les représentants des grandes figures des siècles passés : André Le Nôtre, Henri et Achille Duchêne ou encore la dynastie Mollet. Durant trois jours, le Jardin des Tuileries se transforme en point de rencontre pour découvrir les formations aux métiers de jardinier tandis que les remparts d’Aigues-Mortes célèbrent la nature à travers la lecture de textes. Les créations contemporaines ne sont pas écartées comme en témoigne le jardin expérimental du château d’Oiron réalisé par le plasticien-paysagiste Christophe Morin ou encore l’installation Noctule de Lokta d’Arthur Akopy sur la place forte de Mont-Dauphin. Cette manifestation annonce-t-elle une nouvelle ère des jardins ? Michel Duchêne est optimiste. «Depuis plusieurs années, les jardiniers en chefs formés par Monum exerçaient leur plein pouvoir sur les jardins français et pas toujours à bon escient. L’association Henri et Achille Duchêne se bat depuis longtemps pour créer un musée du jardin capable de transmettre l’enseignement des siècles passés. Espérons seulement que cette manifestation va aboutir à une réelle réflexion de ses décideurs».