Ivan Da Silva Bruhns, Tapis réalisé pour le palais du Maharadjah d'Indore
© Galerie Blondeel - Deroyan
«Le tapis n’est qu’un pavement, plus opulent et plus chaud à l’œil et au pied qu’un dallage de marbre ou une mosaïque; il doit rester par son décor essentiellement plan, par la sobriété et la densité de son coloris, strictement à son niveau dans l’espace».( Ivan Da Silva Bruhns)
| | L'Art déco au tapisPour les vingt-cinq ans du Carré Rive gauche, la galerie Blondeel-Deroyan réunit un ensemble de tapis réalisés par l'une des figures les plus influentes du 20e siècle : Ivan Da Silva Bruhns
La galerie Blondeel-Deroyan, spécialisée dans les textiles anciens et les objets d’archéologie, a changé de décor depuis une quinzaine de jours. L’exposition en cours rassemble une quinzaine de tapis de l’un des maîtres des années trente : Ivan Da Silva Bruhns (1881-1980). La carrière artistique de ce médecin militaire a commençé par des amitiés : Maurice Denis, Jacques Villon, Georges Signac ou Helena Vieira Da Silva. Après diverses expériences dans les domaines de la peinture et des arts décoratifs, l'artiste se consacre, dès 1919, à la conception de tapis. Tout comme les cubistes, il trouve sa principale source d'inspiration dans les cultures non-occidentales. La présentation d'art marocain aux Expositions universelles de 1917 et 1919 agit comme un révélateur dans l'évolution de son art. Les quinze pièces exposées se caractérisent par des formes géométriques et des couleurs de terre qui ne sont pas sans rappeler les tapis berbères.
Autodidacte, Ivan Da Silva Bruhns pousse la perfection jusqu'à apprendre la technique des tapis orientaux. Ses premières pièces, réalisées dans un atelier de l'Aisne, étaient en velours de bonne qualité mais au nouage grossier. Le monogramme «SB» permet de reconnaître les tapis de cette période comme cette pièce toute en longueur ornée de motifs géométriques et de couleurs sombres. Parmi ses commanditaires, on compte déjà Louis Majorelle et Émile-Jacques Ruhlmann. Dès 1925, l'artiste fonde sa manufacture à Savigny-sur-Orge et élabore un style très personnel associant des motifs ethniques aux tendances art déco. C'est avec Leleu qu'il conçoit, dans les années trente, les intérieurs de prestigieux paquebots (Île-de-France, Atlantique, Normandie). Parmi les œuvres les plus impressionnantes, le tapis créé pour le palais du maharadjah d'Indore (335 x 640 cm) dont les motifs illustrent un agencement proche du cubisme synthétique. Trois tapis de la série ivoire, réalisés en 1930, figurent également dans l'exposition. L'artiste n'hésite pas à explorer d'autres horizons. Très inspiré par les créations de Sonia Delaunay, le tapis aux cercles illustre sa capacité à explorer des styles différents. L'exposition rend hommage à un créateur qui a su plaire à André Gide, à Colette et à Mistinguett et dont les tapis ornaient le Sénat français, les ambassades de Berlin, de Varsovie et de Washington.
| Stéphanie Magalhaes 11.06.2002 |
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