Brueghel en familleVéronique Bucken, commissaire d'exposition, revient sur L’Entreprise Brueghel, qui examine le travail collectif et la pratique de la copie dans les ateliers du maître flamand.
| Pieter Brueghel le Jeune,
Le Dénombrement de Béthléem
Maastricht, Bonnefanten Museum |
L’exposition confronte quatre compositions célèbres de Pieter Brueghel l’Ancien - Le Dénombrement de Bethléem, L’Adoration des mages sous la neige, Le Paysage d’hiver avec la trappe aux oiseaux et L’Avocat de village - avec des copies réalisées par l’atelier de Pieter Brueghel le Jeune. Le concept a été imaginé par le Bonnefantenmuseum de Maastricht. Les Musées royaux des beaux-arts de Belgique ont été associés au projet en prêtant une œuvre.
Cette exposition est conçue comme une enquête et soulève un certain nombre de questions. Avez-vous fait des découvertes ?
Véronique Bucken. Pieter le Jeune avait cinq ans lorsque son père est mort. Dès lors, comment a-t-il pu connaître les chefs-d’œuvre paternels ? La plupart appartenaient à des collections européennes. Lesquels a-t-il pu voir et lesquels étaient dispersés ? Il travaillait vraisemblablement à partir de matériel graphique, essentiellement des cartons et des dessins. Certaines séries de copies n’ont pas été réalisées dans l’atelier de Pieter le Jeune. C’est le cas de L’Adoration des mages sous la neige. D’autres ont été réalisées à plusieurs mains, comme Le Dénombrement de Béthléem.
| Pieter Brueghel le Jeune,
L’Avocat de village
Maastricht, Bonnefanten Museum |
Quel a été le succès de l’exposition auprès du public ?
Véronique Bucken. Nous avons accueilli 55 537 visiteurs au 26 mai. Nous en attendions 80 000 et nous pensons atteindre cet objectif (l’exposition ferme le 23 juin). Le public dans son ensemble est satisfait et souvent surpris. Toute la partie laboratoire, grâce à laquelle il peut se familiariser avec les techniques d’investigation des œuvres d’art, suscite beaucoup d’intérêt. Certains sont désappointés parce qu’ils s’attendaient à une exposition sur Brueghel l’Ancien !
Quelles conclusions tirez-vous de cette expérience ?
Véronique Bucken. Il faut étendre cette étude à d’autres compositions. Dans le catalogue de l'exposition, Rebecca Duckwitz signe un essai, où elle étudie la série des «Proverbes flamands». Brueghel le Jeune n’était pas le seul a copier les œuvres de son père. Dans sa monographie, Klaus Hertz a recensé 1500 tableaux qui lui sont attribués, pourtant nombre d’entre eux ont été réalisés par d’autres artistes. Il serait nécessaire de procéder à une vraie étude matérielle de ces œuvres.
| Laure Desthieux 10.06.2002 |
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