Accueil > Le Quotidien des Arts > Picasso dans l’arène

Expositions

Tête de taureau tricorne découverte lors des fouilles du forum de Martigny
© Fondation Pierre Gianadda, Martigny


Bas relief : Mithra tuant le taureau, Sidon, 4e siècle
© Musée du Louvre, département des antiquités orientales


Picasso, Corrida : la mort du torero, 1933, Musée Picasso, Paris
© Succession Picasso / Prolitteris


Picasso dans l'arène

Picasso a toujours subi la fascination du taureau. Comme les antiques cultures auxquelles il est confronté à la fondation Gianadda...

Il y a 25 ans, alors qu’on s’apprêtait à construire un immeuble, on découvrait au sud de l’agglomération de Martigny, un mithraeum, sanctuaire de la religion orientale fondée sur le sacrifice du taureau. Mais si le culte de Mithra connut une telle résonance dans l’Empire romain, constituant même une menace pour le christianisme, c’est qu’il s’inscrivait dans une longue tradition européenne qui trouve sa source à l’époque néolithique avec la représentation de taureaux sur les parois des cavernes.

Il n'en fallait pas plus à Jean Clair, directeur du Musée Picasso et commissaire de l’exposition, pour présenter Picasso au sein de la Fondation Gianadda à Martigny. En effet, de ses dessins d’enfant à ses créations des années 1950, l’œuvre de l’artiste est habitée par cette figure animale, incarnation tour à tour protectrice et destructrice des forces de la nature sauvage... On la retrouve vers 1900 dans de petites encres saisies sur le vif dans les arènes de Barcelone. Elle réapparaît dans les gravures de Minotauromachies, mettant en scène les viriles bêtes auprès de jeunes femmes endormies qui ont les traits de Marie-Thérèse, compagne de Picasso dès 1927. Associée aux thèmes du crâne et du Golgotha, elle resurgit enfin dans les sombres peintures des années de guerre, comme si la figure du taureau était indissociable de l’imagerie mortuaire.

Une centaine d’œuvres prêtées par le musée du Louvre, le musée d’art et d’histoire de Genève ainsi que par de grands collectionneurs privés se trouvent ainsi mises en parallèle. Exposées auprès d’antiques mésopotamiens, crétois, chypriotes ou romains, les oeuvres de Picasso illustrent la capacité de l’artiste à redonner vie à un patrimoine ancien tout en l’intégrant dans ses recherches plastiques.


 Zoé Blumenfeld
31.08.2001