Secrets de papierFaire votre propre papier, c'est possible, pour autant que vous n'entendiez pas égaler celui de la Pléiade…
A l’heure de la production de masse, le papier nous arrive en ramettes. On subodore la grande quantité d’arbres condamnés à la coupe pour en tirer cette pulpe étrangement nommée… Mais, hormis peut-être les riverains des usines, qui en ont un aperçu sous forme d’émanations fétides, le reste du processus demeure enveloppé dans le mystère. Sans vouloir égaler les artisans de Fabriano en Italie, qui perpétuent un savoir de plus de cinq siècles, ou, chez nous, ceux de la vallée de la Couze (en Dordogne) ou du moulin Richard de Bas (Puy-de-Dôme), pourquoi ne pas renouer les fils avec le passé en plongeant les mains dans la pâte ? Car, et c’est l’enseignement du livre, il existe des dizaines de matières premières végétales à notre portée pour créer des papiers plein de caractère.
Le processus est, à priori, simple et standardisé : on coupe les feuilles, les tiges ou les racines, puis on les fait cuire avec de la soude. Après avoir rincé la mixture, on la blanchit à l’aide d’eau de Javel. Il ne reste plus, après un second rinçage, qu’à déposer la pâte sur le tamis en espérant qu’elle veuille bien devenir feuille… L’auteur manifeste un enthousiasme communicatif en décrivant, page après page, les ingrédients qu’elle a testés : lavande, folle avoine, crocus d’automne ou, tout simplement, blé, riz, pelure d’échalote, voire aiguilles de pin. Si l’on veut jouer dans l’exotique, ne serait-ce que pas la magie des mots, voici le pistachier térébinthe, l’hémérocalle, la folle avoine ou l’érable de Montpellier. Et la misère qui pousse dans nos jardins ? Elle vaut bien un aphorisme : plus on la travaille, moins il en reste tant elle est gorgée d’eau. Attention : le chêne-vert, malgré son nom, donne un papier noir. Le champignon est également apte mais l’on conseillera celui de Paris plutôt que les morilles (autant acheter du papier bordé d’or chez les papetiers de la rue du Pont Louis-Philippe). Après avoir savouré les photographies très réussies, on n’a qu’une envie : inventer soi-même de nouvelles variétés. Papier de gazon anglais ? Papier de rose ? Papier de pissenlit ? Papier de myosotis ? De la matière pour un autre volume…
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