Des artistes sur le RocherLe prix Prince Pierre de Monaco a été attribué hier au peintre espagnol Sergio Sanz. Valerio Adami, l'un de ses membres, défend le choix du jury.
| Le lauréat Sergio Sanz récompensé
par le prince Albert, © Charlie Gallo |
Le prix international d’art contemporain de Monaco a été créé en 1966 par l’actuel prince régnant, Rainier III, en souvenir de son père, Pierre de Polignac, l’un des artisans de la venue des Ballets russes à Monaco. Décerné chaque année, il se veut un reflet de la création contemporaine. La composition du jury, qui mêle, sous la direction de la princesse de Hanovre, des artistes affirmés – Botero, Adami, Folon ou Arroyo – et des critiques d’art expérimentés – comme Pascal Bonfoux ou Jean-Marie Tasset, du «Figaro» - ne l’oriente pas, à priori, vers le web art ou le dernier cri en matière d’installations. La ligne figurative a ici des adeptes déclarés… «Il y a toujours des divisions entre les membres du jury dans ce genre d’exercice. Avec quelques réunions de plus, nous aurions aussi bien pu modifier nos choix» reconnaît Valerio Adami, l’un des jurés, qui pratique cet exercice à Monaco depuis cinq ans. «Le pourquoi de ma participation à ce jury ? Il y a en tout artiste un philanthrope caché et j’ai plaisir, à soixante-sept ans, à décerner un prix à de jeunes artistes.»
Le lauréat du prix Prince Pierre de Monaco (seize mille euros) est un peintre espagnol, Sergio Sanz, de moins de quarante ans, comme l’imposent les statuts. Le prix Princesse Grace (huit mille euros) est lui allé à un jeune sculpteur italienne, Beatrice Pasquali, née à Vérone en 1973, déjà prix Morandi de la gravure en 1997 et lauréate du prix Suzzara en 2000. Valerio Adami les présente avec chaleur : «Sanz a un tissu pictural extraordinaire et une imagination délirante. Beatrice Pasquali est, elle, à mi-chemin entre Medardo Rosso et les arts primitifs, la sculpture de l’Egypte et du Mexique anciens.». Au contraire de la récompense littéraire, décernée à la même occasion, et qui a déjà été remise à Julien Green, Patrick Modiano ou Antoine Blondin, le prix d’art ne semble pas en prise directe avec les circuits dominants de la création contemporaine. Hormis Matta, récompensé en 1997 à l’occasion d’un hommage exceptionnel, Vincent Bioulès (1991) ou Jean-Paul Chambas (1990), les autres récipiendaires sont restés dans un relatif anonymat à l’image de Luis Alberto (Espagne, 1986), Oswaldo Vigas (Venezuela, 1992) ou Hugo Sbernini (Argentine, 1995). Peu importe, d’ailleurs, aux yeux de Valerio Adami, pour qui ces prix sont la victoire de la «poésie lyrique» et du «travail artisanal»…
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