L’Art Institute de Chicago touche le gros lotDouze millions de dollars et plus de cent cinquante œuvres sur papier viennent enrichir le département d’art graphique fondé en 1911. La conservatrice Suzanne Folds McCullagh revient sur l’importance de ces dons.
| Titien, Feuille d'études, 1520
Crayon et encre brune, 13.7 x 20.3 cm
Jean and Steven Goldman Collection |
Un ensemble de quarante et une œuvres sur papier de Gauguin (collection d’Edward McCormick Blair), une donation promise de longue date par Jean et Steven Goldman de quatre-vingt-dix dessins baroques et renaissants, ainsi que trente productions d’artistes allemands contemporains de la collection Susan et Lewis Manilow complètent le fonds du musée. « Bien que ces pièces arrivent à un moment propice, la réouverture du département fermé depuis trois ans, ces offres n’ont pas été réalisées en concertation. Il s’agissait du bon moment pour chacun des collectionneurs. Les Goldman, par exemple, ont financé la rénovation de notre centre, c’était pour eux une occasion idéale de céder leur bien », précise Suzanne Folds McCullagh.
| Paul Gauguin (1848–1903),
L’Homme à la Hache, 1891
Aquarelle, 31.8 x 22.9 cm
© AIC 183 |
Un centre consacré à l’étude
Après d’importants travaux menés depuis 1999 par l’architecte Ben Weese, le département d’art graphique du musée rouvrira en septembre 2002, sous le nom de « Jean and Steven Goldman Study Center ». « Nous avons triplé les espaces d’entrepôt et de conservation. L’endroit se prêtera idéalement à la recherche et à l’enseignement », indique Suzanne Folds McCullagh. Le fonds comprend 80 000 œuvres et s’est considérablement développé au cours des trente dernières années. « Nous anticipons, par ailleurs, le développement des collections pour les trente à cinquante prochaines années, en prévoyant un espace suffisant. » La plupart des œuvres offertes viennent rehausser le fonds du département d’art graphique, certaines comblent des lacunes. « Notre force réside dans les Français du XIXe et XXe siècles, précise Suzanne Folds McCullagh ; Edward McCormick Blair, membre du conseil d’administration, a découvert Gauguin à travers les œuvres du musée. C’est ce qui a motivé sa collection. Les artistes italiens des XVIe et XVIIe siècles étaient représentés, mais nombre d’entre eux manquaient à l’appel. L’arrivée de quatre-vingt-dix pièces est forcément exceptionnelle. Quant aux Allemands d’après-guerre, c’est un apport de premier ordre pour notre organisme. Nous avions acheté une série de Kiefer, il y a quelques années, mais cette période, faible dans nos collections, se trouve ainsi magnifiquement enrichie.» La somme de 12 millions de dollars reflète la tradition philanthropique de Mme Regenstein, à qui le centre doit déjà un Watteau, Études pour une danseuse. L’argent devrait financer l’achat d’œuvres du XVIe au XIXe siècle, essentiellement françaises et italiennes. « Une très belle aquarelle de Cozens vient également de nous être donnée. Elle marque l’élaboration d’une collection de peintres britanniques des XVIIIe et XIXe siècles.»
Une véritable renaissance
« Depuis 1940, nous avons bénéficié d’un formidable soutien de la part de collectionneurs de Chicago, conclut Suzanne Folds McCullagh ; ces trois dernières années ont été très frustrantes. Nous n’avions plus accès aux collections et nous ne pouvions plus répondre aux demandes venant d’institutions extérieures. Aujourd’hui, des proches du musée nous rejoignent au moment où nous revenons à la vie. C’est un moment unique dans l’histoire du département d’art graphique du Art Institute of Chicago. »
| Laure Desthieux 17.06.2002 |
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