L'art contemporain tient sa grand-messe à BâleArt Basel, qui ouvre aujourd'hui, est un rendez-vous obligé pour mesurer le pouls du marché.
| Rachel Harrison, Untitled, 2001
Courtesy Greene Naftali, New York |
Si le nombre de visiteurs n’a rien de spectaculaire (un peu plus de cinquante mille, en moyenne, chaque année), la présence de plus de mille journalistes donne mieux la mesure de l’enjeu : on vient ici pour voir ce qui s’est fait au 20e siècle, ce qui se fait aujourd’hui et ce qui va se faire dans les toutes prochaines années. Les galeries invitées sont deux cent soixante-deux. C'est un échantillon imposant, mais qui respecte désormais la règle du numerus clausus : les candidats étaient plus de neuf cents pour cette édition. Les contingents les plus fournis viennent d’Allemagne (soixante-et-une galeries), des Etats-Unis (cinquante-et-une), de Suisse (trente-neuf) et de France (vingt-cinq), ce qui donne – malgré une sur-représentation germanique et une sous-représentation de la Grande-Bretagne (vingt galeries) – un échantillon mondial assez fidèle au poids des acteurs respectifs. Souhaitant mettre en avant leur impératif de transparence, les organisateurs ont fait étudier par une commission de recours les plaintes des galeries éconduites. Dans la même optique, a été instituée pour la première fois la charge d’ombudsman ou médiateur : c’est Toni Stooss, personnalité expérimentée du marché de l’art, qui tentera d’aplanir les différends, notamment ceux qui surviendront entre acheteurs et vendeurs sur l’authenticité ou l’état des œuvres.
| João Onofre, Pas d'action, 2002
Courtesy Tàpies, Barcelone |
A côté des travées centrales où seront présents, par l’intermédiaire de leurs galeries, plus de mille artistes, deux espaces permettent une approche transversale. Il s’agit d’«Art Statements», qui réunit dix-sept expositions personnelles de jeunes artistes et qui donnera lieu à la remise d’un prix d’une valeur de cinquante mille francs suisses. Des créateurs aujourd’hui affirmés comme Vanessa Beecroft ou Pierre Huyghe y avaient fait une apparition au début de leur carrière. On n’y rencontre pas de Français cette année mais sept Américains et la vidéo et la photographie y occupent une place prépondérante. Dans un hall distinct, intitulé «Art Unlimited», sont disposées des œuvres de grande dimension, qui s’accomodent mal des espaces classiques. Encore une fois, c’est la vidéo qui se taille la part du lion sur la soixantaine de projets présentés, de Pipilotti Rist à Julia Loktev (en collaboration avec Vito Acconci), de Rodney Graham à Magnus Wallin. Dans le domaine des performances, qui permettent d’entretenir un petit parfum de scandale (comme cela avait été le cas l’an dernier grâce à Santiago de Sierra), on pourra observer un «remake» de l’âne de Buridan, avec Burn Out de Lori Hersberger, qui utilisera les roues de sa motocyclette pour réaliser une peinture «motorisée». Plus classiques mais plus lourds, les dés en acier de Richard Serra – huit tonnes – voisinent avec l’un des célèbres igloos de Mario Merz. Tout à sa volonté de laisser le champ libre aux talents naissants, Art Basel n’en oublie pas pour autant les valeurs sûres des décennies passées.
|