| | Jim Dine, décorateur en chefOublié le Pop Art, l'artiste se présente à la galerie Templon en amoureux des formes et des couleurs.
Trois versions de la célèbre Vénus antique de Milo, taillées dans du bois, à larges coups de tronçonneuse, et rehaussées de taches de couleurs vives, trônent au centre de l'exposition, juchées sur trois chaises paillées. Légèrement kitsch, les œuvres récentes du peintre américain (né en 1935), présentées depuis quelques jours à la Galerie Templon ! Où sont ses audacieux happenings des années cinquante, et les toiles qui, durant la décennie suivante, l'avaient inscrit parmi les maîtres du Pop Art ? A l'époque, Iléana Sonnabend à Paris et Sidney Janis à New York se partageaient furieusement les expositions. Depuis une vingtaine d'années, l'univers de Jim Dine s'est fait plus doux, très poétique. Ses séries de cœurs, de robes de chambre ou de coquillages dessinés au crayon, rehaussées de tons délicats et délavés, ont assuré la fortune des marchands de cartes postales.
Autour des trois Vénus, une série de toiles récentes sont constituées d'outils assemblés et de giclures de pâte lumineuse, agglutinés sur des panneaux de bois. Scies, marteaux, haches, fourches, tenailles, clefs à molette… On dirait une enseigne pour le rayon bricolage du Bazar de l'Hôtel de Ville. Tout est dressé mais donne davantage l'impression d'un carnaval que celle d'une révolte. On songe, bien sûr, à l'expressionnisme américain et au Nouveau Réalisme français. C'est plus élégant, très décoratif, admirablement adapté aux deux salles de la galerie, qui embaument la peinture fraîche et l'encaustique de parquet.
| Françoise Monnin 24.09.2001 |
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