«Cédille» fait le point sur la profession

Le concept est nouveau : une vitrine de l’architecture à Paris. Un lieu dédié à l’architecture, aux architectes et à leurs créations, bâtiments, mobilier, etc. Jusqu’à présent, pour voir et découvrir des travaux d’architectes, il fallait s’engouffrer dans des lieux comme le Pavillon de l’Arsenal, boulevard Morland, l’Institut français d’architecture, rue de Tournon, ou la plus récente et dynamique Galerie d’architecture des Blancs Manteaux pilotée par les jeunes Gian Mauro Maurizio et Olga Pugliese. Le premier dépend de la ville de Paris et présente la production de bâtiments intra muros. Le second est soutenu par le Ministère de la Culture, la Direction de l’Architecture et du Patrimoine, et devrait à terme – mais on a du mal à y croire étant donné les reports sine die – déménager au Palais Chaillot pour se transformer en prétentieuse Cité de l’Architecture. Mon troisième propose un espace à des architectes, lesquels, avec l’aide de sponsors, peuvent présenter leurs travaux.

Désormais, au 38, rue de Citeaux (Paris, 12e), les architectes de l’agence Naço (Marcelo Joulia en tête) ont créé une galerie joliment intitulé «Cédille». Certes, elle n’est pas très grande, mais elle a l’avantage d’offrir un linéaire intégralement visible de la rue. Le concept propose d’inviter des architectes de renom à dessiner des meubles. Marcello Joulia a lancé l’opération en créant ses propres objets. Odile Decq, Wolf Prix de Coop Himmelblau, Carlos Zapata, architecte à Boston, les Espagnols de RCR ou le jeune Chilien Mathias Klotz : ces premiers candidats ont accepté de jouer le jeu et présenteront d’ici peu leur collection, éditée par Naço et exposée à Cédille. Les produits seront accessibles au grand public. Intéressé par la démarche, le créateur de «l’architecture oblique», Claude Parent, parraine cette initiative. Un garant de la qualité de ce qui y est proposé. Une belle initiative alors que les architectes demeurent individualistes et égo-centrés sur leur production et leur ascension professionnelle.

Plus généreux encore, Cédille accueille jusqu’au 12 juillet des jeunes architectes mexicains «Torolab», venu de Tijuana. Ce laboratoire explore l’espace et le contexte de l’habitat, proposant des solutions pour une meilleure qualité de vie dans des conditions souvent précaires outre-Atlantique. Ils ont entre autres conçu un système de « survie-camouflage urbain » imaginé pour leur ville d’adoption, procédé souple, transportable, adapté aux difficultés de vie locales. D’autres expositions d’agence viendront par la suite renforcer l’influence déjà notable de ce site dans le paysage des lieux d’expositions d’architecture parisiens. A suivre.