Portrait du couturier en starAu musée de la Mode et du Textile, vêtements, cartons d’invitation et affiches retracent l’évolution de l’image du créateur de mode, du XVIIIe siècle à nos jours.
| Gabrielle Chanel, vers 1930.
© Photo : Roger Schann |
Au XIXe siècle, Charles Frédéric Worth pose les fondations d’une industrie nouvelle. Chanel, au début du XXe siècle, est la première à utiliser les médias, dans lesquels elle se présente comme créatrice et modèle. Dans les années 1970, Yves Saint-Laurent, pose nu pour la promotion de son parfum tandis que Pierre Cardin distribue ses innombrables produits, montres, briquets, lignes de sport, etc. Dès 1985, Chantal Thomass affiche son style, frange noire et jambes voilées de dentelles, comme un label. En quatre-vingt robes et deux cents documents, c’est une véritable histoire de la mode qui est présentée sur les deux étages du musée.
| Carton d’invitation, défilé de Chantal
Thomass, «Si on ne vous laisse pas
entrer dites que vous êtes ma sœur». |
Du vêtement-spectacle au couturier-star
La première grande dame de la couture est Rose Bertin, qui, au XVIIIe siècle, impose ses choix à sa clientèle. Puis, Paul Poiret, dont on peut admirer la Robe Eugénie (1907) en crépon rayé rouge, apporte une définition contemporaine du couturier. Elsa Schiaparelli, une contemporaine de Chanel, qualifiée par cette dernière « d’artiste qui fait des robes », invente le vêtement-spectacle, comme cette paire de gants de velours de soie verte (1950) aux longues manches bouffantes. Christian Dior, le dictateur de la mode, est le premier créateur à faire la couverture du magazine « Time », en 1957. De petits tabourets en plastique blanc invitent à visionner des extraits d’« Andy Warhol’s TV ». Cette chaîne de télévision destinée à la mode et ses créateurs a été créée, dans les années 1980, par le prince du pop art . Durant cette même période, Castelbajac s’associe avec des artistes comme le photographe Robert Mapplethorpe pour imprimer son portrait sur ses cartons d’invitations. Une tendance s’affirme alors, à l’instar de Karl Lagarfeld et ses immuables attributs, catogan et lunettes fumées, les couturiers sont mis en avant autant que leurs collections. À l’aube du XXIe siècle, les Hollandais Viktor & Rolf contrecarrent le mouvement et remettent en question le rôle de la presse et le statut du couturier.
Une certaine confusion dans la présentation
La sobriété de la scénographie, constituée de planches et de tréteaux blancs derrière de grandes vitrines, met en valeur les éléments présentés. E2, Michèle et Olivier Chatenet, créateurs formés chez Chanel, Comme des Garçons et Thierry Mugler, sont intervenus en choisissant des modèles provenant des collections du musée. Ceux-ci sont disposés de façon anachronique dans les vitrines. Entre un manteau en lamé or (1930) et une cape en satin (1934) de Jeanne Lanvin, s’impose, par exemple, un manteau de Martin Margiela (1993-1994). De grandes feuilles disposées dans des bacs comportent les légendes et un bref texte expliquant chaque section. Malheureusement, au fil de l’exposition, ces boîtes se sont vidées et l’on se retrouve sans indications ! Parfois les feuilles se sont mélangées d’un bac à l’autre et l’on tient dans sa main les noms de modèles de Christian Dior devant une vidéo d’un défilé de Jean-Paul Gauthier !
| Laure Desthieux 17.06.2002 |
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