| Vittorio Sgarbi
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Sgarbi sur le départAgitateur médiatique, le secrétaire d’État italien à la Culture avait fait la une en France lors de sa rencontre musclée avec Catherine Tasca au Salon du livre. Il a été démis de ses fonctions.
Les chancelleries poussent un soupir de soulagement : les déclarations intempestives et incontrôlables de Vittorio Sgarbi ne menaceront plus l’unité de façade du gouvernement Berlusconi. Et les fonctionnaires français vont probablement avoir plus de facilité à recoudre les liens distendus avec leurs homologues transalpins. Vittorio Sgarbi s’était aliéné son propre ministre de tutelle, Giuliano Urbani, en s’opposant à la restitution de l’obélisque d’Axoum (récemment endommagé par la foudre) à l’Éthiopie, en remettant en cause les projets des architectes Isozaki et Meier pour les Offices de Florence et l’Ara Pacis à Rome, ou en engageant des polémiques enflammées avec le nouveau président de la Biennale de Venise, Franco Bernabè, et plusieurs directeurs d’établissement d’art contemporain, comme le musée Luigi Pecci de Prato.
C’est le décret sur la possible cession du patrimoine national qui a allumé l’étincelle finale. Récemment adopté par le conseil des ministres, ce décret prévoit la constitution de deux sociétés anonymes, Patrimonio SpA et Infrastrutture SpA, dont les actions seront contrôlées par le ministère des Finances. Ces deux sociétés seront chargées de mettre en valeur les biens de l’État et, le cas échéant, de les vendre, après avis conforme du ministre de la Culture. La semaine dernière, dans un geste théâtral qui aurait plu à Gabriele D’Annunzio, Vittorio Sgarbi avait mis à la disposition de son ministre ses délégations de pouvoir. Il entendait ainsi marquer son opposition au décret qui pourrait potentiellement ouvrir la voie à la cession, à des entreprises privées, de la tour de Pise ou du Colisée. Vraisemblablement persuadé de conserver la confiance de Berlusconi, Vittorio Sgarbi avait multiplié les déclarations, ces derniers jours, sur d’éventuelles missions à venir. On parlait de lui à la direction de l’une des chaînes de la RAI, voire à la Biennale de Venise, si Bernabè venait à céder aux sirènes de Fiat. Cette position d’attente a été sèchement normalisée, hier, à l’unanimité des ministres, avec l’accord du président du Conseil.
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