Une génération de verriers à Biot

Depuis quand la ville est-elle connue au plan artistique ?
Claude Pelletier.La ville de Biot a toujours eu une place particulière sur la scène artistique nationale. De tradition potière depuis le XVe siècle, notre production locale a vite été diffusée sur tout le bassin méditerranéen. Contrairement à Vallauris qui confectionnait des récipients culinaires, Biot se spécialise dans les poteries de stockage. Seule ville potière en France avec Aubagne, elle comptait alors près de quarante-cinq fabriques. Le développement de l'industrie du verre n'est que la suite logique de cette tradition.

Qui était Éloi Monod ?
Claude Pelletier. Après une formation d'ingénieur céramiste à l'École de Sèvres, Éloi Monod est entré à la Poterie provençale de Biot en 1941. En 1956, il fonde la Verrerie et transpose ainsi les formes et les couleurs utilisées, de la terre dans le verre. Le père fondateur de cette entreprise y reste jusqu'en 1971, sa descendance prend ensuite la relève. Ses élèves contribuent également à renouveler les techniques employées. À partir de 1974, la famille Lechaczynski reprend les rênes de cette industrie.

Quels sont les artistes présentés ?
Claude Pelletier. Des grands noms de la verrerie sont exposés comme Jean-Claude Novaro, Robert et Antoine Pierini, Alain et Marisa Begou. On peut parler d'une école du verre de Biot au même titre que l'École de Nancy au début du siècle. Véronique Monod est également présente avec une Coupe rouge. Elle s'est ensuite tournée vers l'industrie et a notamment réalisé les flacons des parfums Dune et Poison de Christian Dior.

Quel est l'avenir de Biot dans ce domaine ?
Claude Pelletier.Les techniques ont considérablement évolué depuis les créations en « verre bullé » d'Éloi Monod. Aujourd'hui, l'utilisation du cristal, des oxydes colorants, des inclusions d'or et d'argent a permis d'enrichir les possibilités créatives. L'aventure se poursuit aussi bien dans la recherche de la nouveauté que de la qualité. La verrerie est certainement la seule à poursuivre cette tradition en s'évadant vers de nouveaux horizons.