Des amateurs éconduitsDeux Français passionnés d'égyptologie dont les théories sont reconnues par les spécialistes se sont vu refuser l'exploration d'une pyramide.
LE CAIRE, 13 juin (AFP) - Deux égyptologues amateurs, qui ont fait leurs preuves ces dernières années, attendent avec impatience de poursuivre leurs travaux pour percer les mystères de la pyramide de Khéops, mais se heurtent à un refus tout aussi officiel que catégorique. Y-a-t-il, oui ou non, un couloir jusque là inconnu dans la pyramide de Khéops ? Ce couloir mène-t-il aux véritables appartements funéraires du pharaon qui régna plus de 25OO avant Jésus-Christ, et qui fit construire la plus grande des trois pyramides de Guizeh ? Telles sont les questions que posent les Français Gilles Dormion, technicien dans un cabinet d'architecte, 56 ans, originaire du nord de la France, et Jean-Yves Verd'hurt, 61ans, administrateur d'immeubles de la région de Lyon, devenus au fil des années d'authentiques spécialistes des pyramides d'Egypte. Les deux hommes ont déjà dressé les plans complets de Khéops et ont conçu la ventilation de la pyramide, en collaboration avec les autorités égyptiennes. En 2000, ils font sensation, au VIIIe congrès international d'égyptologie, dans la capitale égyptienne. À force d'astuce et de déductions, ils viennent de découvrir dans la pyramide de Meidoum, à environ 80 km du Caire, deux chambres et deux corridors, contribuant à la connaissance des techniques de construction des grands monuments d'Egypte.
La même année, expliquent les deux égyptologues amateurs, «le Conseil suprême des antiquités nous accorde l'autorisation d'effectuer des études dans les autres pyramides de la IVe dynastie». Les recherches qu'ils poursuivent dans Khéops indiquent la présence «architecturalement très probable» d'un couloir, ajoutent-ils dans le résumé de leurs travaux que la chaire d'égyptologie du Collège de France, dirigée par Nicolas Grimal, a diffusé sur son site internet (www.egyptologues.net). Les deux chercheurs utilisent ensuite la détection électromagnétique, avec l'aide de la société française d'ingénieurs conseils Safege, et mettent en évidence «une anomalie, qui en distance, orientation et dimensions, correspond exactement au couloir localisé architecturalement».
La prochaine étape de la recherche consisterait à procéder à des percements microscopiques, de 16 et 25 mm de diamètre, selon une technique déjà utilisée dans les pyramides, pour glisser une mini caméra et «visionner» le couloir supposé. Et de là, aller vers des découvertes encore plus excitantes. Or, l'actuel secrétaire général du Conseil supérieur des Antiquités, Zahi Hawas, qui a autorité sur tous les monuments égyptiens, s'oppose formellement à ces investigations, mettant en doute le sérieux de l'entreprise. «Il n'en est pas question. On peut faire des forages à partir de preuves, et lorsqu'une institution scientifique est concernée. Or là, nous avons affaire à deux particuliers qui ont un ami au Collège de France», a affirmé Zahi Hawas, interrogé par l'AFP. M. Hawas ajoute qu'il a consulté deux collègues égyptologues, l'Allemand Rainer Stadelmann et l'Américain Mark Lehner, et que tous trois «ont décidé qu'on ne peut pas laisser n'importe qui faire des trous dans les pyramides en se basant uniquement sur une théorie». «On a du mal à comprendre un tel refus, qui vient après l'autorisation donnée par le prédécesseur de Zahi Hawas, Gaballa Ali Gaballa, et compte tenu des résultats déjà obtenus par Dormion et Verd'hurt», s'étonne un égyptologue qui préfère conserver l'anonymat, tant est sensible le petit cercle des spécialistes autour des grandes pyramides.
par Michel SAILHAN
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