De la salle de vente à la salle d’expositionLe musée d’Orsay expose les acquisitions de l’État et de la Ville de Paris après les trois ventes Viollet-le-Duc, Marie-Thérèse et André Jammes et le fonds d’atelier de Charles Nègre.
| Mestral, Scupture de Saint-Denis
par Geoffroy-Dechaume, chantier
de la cathédrale Notre-Dame,
Paris, 1853-1854, vente Viollet-
Le-Duc, Paris, médiathèque de
l’architecture et du patrimoine
© Patrick Cadet, Paris, CMN |
Les deux salles consacrées à cette exposition présentent une sélection d’une quarantaine de pièces issues des trois prestigieuses ventes parisiennes, en mars dernier. Quentin Bajac, conservateur du musée d’Orsay et spécialiste de la photographie explique : « Les pièces de la vente Viollet-le-Duc étaient resté dans la famille de l’architecte depuis sa mort en 1879. Il s’agissait en fait du premier fonds photographique rassemblé par un architecte au XIXe siècle. La Direction de l’architecture et du patrimoine a préempté plus de quarante épreuves. Dans l’ensemble, les prix n’ont pas excédé les 40 000 euros (Sculpture de Saint-Denis par Geoffroy-Dechaume de Mestral), certains lots à intérêt documentaire ont même été vendus à 3 000 euros. Le musée d’Orsay s’est surtout intéressé au fonds Nègre avec l’acquisition d’environ dix lots pour près d’un million d’euros dont la Stryge (280 000 euros). La photographie prend une place importante dans notre fonds et nous comptons d’ailleurs ouvrir trois nouvelles salles d’exposition permanente début octobre 2002. Notre seul regret est de n’avoir pu recevoir, faute de financement, la totalité du fonds Jammes comme cela avait été évoqué par André Jammes ».
| Joseph-Nicéphore Nièpce, Cheval
avec son conducteur, héliogravure
juillet-août 1825, vente Jammes
© DR / Bibliothèque nationale de France,
Département des Estampes et de la
Photographie |
Un souci patrimonial…
Mestral, élève de Gustave Le Gray et membre de la mission héliographique de 1851, s’illustre dans sa Sculpture de Saint-Denis par Geoffroy-Dechaume qui fait état du chantier de Notre-Dame de Paris vers 1853. Des évènements exceptionnels sont aussi à l’origine de certaines vues comme cette Façade de la cathédrale Notre-Dame de Paris décorée pour le baptême du prince Impérial par Charles Marville, vers 1856. Henri Le Secq s’attache, quant à lui, à traduire la force de certaines architectures dans la Galerie intérieure du cloître, cathédrale de Toul (1851) ou encore les Arcs-boutants, cathédrale d’Amiens (1852).
La première photographie du monde
Une sélection de pièces provenant du fonds d’atelier de Charles Nègre constitue un des points forts de cette exposition. Installé au 21 du quai Bourbon, le photographe fixe sur papier salé l’activité de l’Île de la Cité, de la Restauration de la tour Saint-Jacques et la fontaine de la Victoire à une Scène de marché au port de l’Hôtel de Ville. Le lot 416 présente les épreuves sur papier accompagnées de leur négatifs des Quais de l’île de la Cité tels qu’ils existaient en 1851. Si le thème des « petits métiers » était courant dans le domaine de la gravure, il était plus rare de le rencontrer comme sujet photographique. Pourtant, Charles Nègre s’est voulu le chantre du Joueur d’orgue de Barbarie et des Ramoneurs en marche, véritables instantanés de la vie parisienne. L’un des clous de la vente a été acquis par la Bibliothèque nationale de France : la première photographie au monde ! Il s’agit d’une gravure héliographique de Nicéphore Niépce datant de 1825 préemptée à 450 000 euros.
| Stéphanie Magalhaes 18.06.2002 |
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