Fabrice Hybert
François Hybert, Peintures homéopathiques n°18, 2000
© Galerie Anne de Villepoix
| | Fabrice Hybert fait sa rentréeSon exposition Mex-Mixt inaugure les nouveaux locaux de la galerie Anne de Villepoix.
Pourquoi « mex-mixt » pour qualifier le grand retour dans le circuit parisien des galeries, de Fabrice Hybert, d’un des artistes Français les plus doués du moment ?
« Mex » parce que « mex » comme Mexique. Fabrice Hybert oeuvre dans le monde entier et c‘est à Guadalajara au Mexique qu’il a réalisé cette grande fresque de 25 sur 4 m composée de plus de 800 carreaux de céramique polychrome représentant sa peinture Homéopatique n°18. Il n’en fallait pas moins pour mettre en valeur à sa juste dimension ce nouvel espace de 450 m_ de la rue de Montmorency où le microcosme de l’art contemporain se précipitait ce vendredi 22 Septembre. Pour l’occasion Anne de Villepoix avait convié collectionneurs, amateurs et collègues galeristes. Tous venus, à la fois curieux de ce nouveau show room qui sans nul doute comptera comme un haut lieu de l’Art actuel mais aussi pour voir l’artiste touche à tout et globe-trotter de retour du Japon. Il y organise actuellement avec Watari-UM/Tokyo la première édition de son C’Hybert rallye.
Et « mixt » parce cette peinture homéopathique , à l’instar des précédentes réalisées par l’artiste depuis une quinzaine d’années, témoigne de ce très large « mixt » d’idées, sorte de foisonnement prolifique et fertile. Elle expose cheminement mental même de l’artiste, son processus de création et son désir visualiser tout cela par des schémas, des formules, des calculs, des mots, des peintures et des desseins.. Sorte de grande narration, cette fresque est une mise en forme ludique et poétique de l’ensemble des préoccupations de Fabrice Hybert qu’elles soient scientifiques ( formule de réaction chimiques, biologie cellulaire, air/eau/feu… ), écologiques ( piles photovoltaïques, végétaux …. ) ou météorologiques (cycle d’évaporation des mers, gouttes de d’eau…). Cet ouvrage homéopathique témoigne également de la place qu’il accorde au dessein et à la peinture, fondement de son œuvre prolixe qui se déploie par glissements successifs, correspondances et hybridations.
Et il y a aussi les POF : Prototypes d’objet en Fonctionnement. 5 sont présentés. Inventions nées d’une idée, d’une phrase et continuées par des desseins, les POF sont ensuite réalisés et performés systématiquement accompagnés d’une vidéo les montrant en état de fonctionnement. On remarquera le POF fumeux des deux bonzaïs bien verts sur leur socle et dont la vidéo adjacente présente la séance hilarante de la taille par l’artiste. La séquence se trouvait ponctuée s’il en fallait par des jets intempestifs de fumée crachés par une machine ad hoc qui ne laissait au visiteur en mal d’air pur que l’alternative de la rue ou bien du studio de projection. Là encore, l’illustration du « mixt » précité révélait les talents de vidéaste de Fabrice Hybert. Il y été projetée une longue et joyeuse scène de baise au beau milieu des vignes. « Une œuvre est une prothèse mentale qui prolonge la pensée par le corps ». Belle métaphore, qui redonne naturellement sinon au sexe du moins au corps, la part qui lui revient dans le processus de création.
| Pierre-Antoine Baubion 25.09.2001 |
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