Le choc des MonetC’est la valeur sûre par excellence. Les grandes ventes londoniennes de cette semaine voient Claude Monet à l’honneur chez Christie’s et Sotheby’s.
| Claude Monet, Vétheuil,
huile sur toile, 1878, estimation :
2,5 à 3,5 millions de livres © Adagp |
Le tableau le plus attendu est proposé aujourd’hui chez Sotheby’s. Il s’agit d’une version de 1906 des Nymphéas qui figure depuis 1940 dans une collection française, après avoir été en la possession du marchand Durand-Ruel. Il est estimé entre 10 et 15 millions de livres. Il sera entouré de Cinq baigneuses de Cézanne (fin des années 1870) et d’un pastel de Degas, Danseuses, tous deux évalués entre 2 et 3 millions de livres (soit nettement moins que les résultats obtenus lors des enchères new-yorkaises du 8 mai passé chez Sotheby’s où Pichet et assiette de poires de Cézanne et Au Louvre de Degas avaient été les vedettes de la soirée, s’envolant chacun à plus de 16 millions de dollars). Les expressionnistes allemands sont présents avec Kirchner ou Max Beckmann. De ce dernier, Artisten est estimé à 1,5 million de livres. Mais l’on se souvient encore de la surprise créée il y a un an avec un Autoportrait du même artiste, arraché à 22,5 millions de dollars.
| Claude Monet, Les Nymphéas,
huile sur toile, 1906, 81 x 93 cm
Estimation : 10 à 15 millions de livres
© Adagp |
Des ventes fort similaires
En écho, Christie’s propose le lendemain un Monet du début de carrière, frais et lumineux, Vétheuil (entre 2,5 et 3,5 millions de livres). L’artiste passa trois années (1878-1881) dans ce village des bords de Seine : trois années cruelles puisqu’il y perdit sa femme Camille en 1879. Mais c’est aussi là qu’il noua des liens étroits avec Alice Hoschedé, épouse d’un collectionneur, qui devait devenir sa femme… Le phare de la vente est Picasso avec son Nu au collier de 1932 (entre 6 et 9 millions de livres) mais l’on y trouve aussi des expressionnistes allemands, un Degas et un Magritte, comme chez Sotheby’s… Depuis quand les deux auctioneers se marquent-ils d’aussi près, proposant les mêmes maîtres aux mêmes dates ? Jusque dans les années cinquante, un commissaire-priseur français comme Rémi Ader, avait un chiffre d’affaires plus élevé que Christie’s ou Sotheby’s. C'est la vente Goldschmidt chez Sotheby's, en 1958, qui vit s'envoler, en vingt minutes et pour 780 000 livres - chiffre colossal pour l'époque - sept grands tableaux dont un Garçon au gilet rouge de Cézanne puis, en 1964, le rachat manqué de la maison américaine Parke-Bernet par les commissaires-priseurs français, et, en 1965, la fermeture de la galerie Charpentier, qui devaient sceller la prépondérance de Christie's et Sotheby's. Et les inciter à s'observer de très près…
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