Carter Brown, l’homme de la NationalJohn Carter Brown, l’ancien directeur de la National Gallery à Washington, est décédé lundi dernier.
Avant son arrivée, il y avait, aux États-Unis, le Met (Metropolitan Museum of Art) et les autres. Parmi ces derniers, la National Gallery, un musée languissant, aux subventions mesurées, incapable de se libérer de sa fidélité obsessionnelle à la peinture ancienne. Descendant de l’une des plus grandes familles des États-Unis - on lui doit une usine textile pionnière à l’époque de la Révolution industrielle et la célèbre Brown University - James Carter Brown étudie en Europe puis à la Harvard Business School. En 1969, à l’âge de 35 ans, il succède à John Walker, avec la bénédiction du président du conseil d’administration, le richissime banquier Mellon. Durant ses vingt-trois ans de « règne », la paisible institution va connaître un véritable bouleversement. Des expositions spectaculaires sont mises sur pied dont celle, au parfum de scandale, consacrée aux nus d’Andy Wyeth mais aussi celles dédiées à Rodin ou à la sculpture africaine. Le XXe siècle fait son entrée dans le musée et la fréquentation connaît un bond, atteignant près de dix millions de visiteurs dans les années quatre-vingts. Le grand projet de Carter Brown est inauguré en 1978 : c’est le nouveau bâtiment de l’East Building, deux triangles imbriqués dessinés par Pei. Depuis le Guggenheim de Frank Lloyd Wright, c’est la première fois que l’œuvre d’un architecte façonne autant un musée. La leçon ne sera pas oubliée…
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